(Registres paroissiaux de Briollay – 1599-1699)
L’esprit de l’eau
Une litanie de noyades…
– Août 1599 – Obiit Julien BURET par l’esperit de l’eau au port de B[riollay].
– 24 août 1607 – Obiit le filz de René DESCORCE, Louis, qui se noya le xxiiiie jour de ce moys.
– Août 1618 – Obiit la fille de Jehan SAIGEON laquelle par hazart se noya près le Patis aux vaches du Viel Briollay, estoit servante à Mathurin PAILLETTE.
– 3 mars 1623 – Le troisieme jour de mars 1623 obiit Raoul SAULNIER et se noya menant du vin à Angers... Le mesme jour et de mesme façon obiit René CHARNIERE. Ledit jour obiit René BACHELOT aussi noyé. Raoul SAULNIER était le second mari de l’une de mes ancêtres, Anne HALGOURDIN, et René CHARNIERE était son fils, né d’un premier mariage. (Voir ici)
– 27 avril 1627 – Obiit le serviteur de M. de La Verronière de Verrigné, lequel par hazard s’est noyé.
– 14 juin 1637 – Obiit …. de Verrigné qui a esté trouvé noyé.
Le printemps 1652 fut particulièrement funeste… Un nouveau terme, terriblement évocateur, apparaît dans les registres : le verbe suffoquer !
– 30 mars 1652 – Julienne HERISSON, vivante femme de Marin GOUHALLE demeurant à Montreuil-sur-Loir, fut suffoquée dans les eaux de cette paroisse de Briollay, le samedi 30 ème jour de mars l’an 1652 et fut retirée le 1er jour d’apvril ensuivant et inhumée dans le cimetière de cette dite paroisse le 2 du mois d’apvril 1652. Le verbe suffoquer, particulièrement évocateur, est employé à plusieurs reprises par le curé cette année-là.
– 3 avril 1652 – Fut inhumée en le cimetiere de Briolay [blanc] DURANT demeurant en la paroisse de Daumeray et ce pour avoir esté suffoqué par les eaux en cette paroisse de Briollay.
– 4 avril 1652 – Julien GAULTIER fut inhumé en le cimetiere de cette paroisse de Briollay, ayant été suffocqué dans les eaux de cette paroisse le 30 mars et retiré d’icelle le 3ème apvril. (Plusieurs personnes se sont donc noyées le 30 mars…)
Hélas ! L’année 1652 n’était rien en comparaison de celle qui s’ensuivit ! En mai 1653 se produisit une terrible catastrophe qui fit au moins 42 victimes !
– 1 et 2 mai 1653 – Le 1 et le 2 jour du mois de May 1653 furent inhumés en le cimetiere de Briollay ceux dont les noms suivent cy apres s’estant par un funeste accident noyés dans les eaux sur les marais de cette paroisse dudit Briollay… S’ensuivent les noms de 42 personnes… (Voir ici)
Les années passent… Les noyades s’espacent… Les paroissiens de Briollay semblent se tenir à l’écart des eaux sournoises… Ce n’est pas le cas, hélas, d’un grand nombre d’étrangers !
– 6 juin 1662 – René LE ROYER de la paroisse du Pé, vivant mari de [blanc] se noya dans la rivière de Sarte proche le bourg de Briollay le premier jour de juin 1662 et fut inhumé dans le cimetière de Briollay le 6 dudit mois et an.
– 15 septembre 1666 – Un homme incogneu qui néanmoins estoit muni d’un chappelet pour marque de chrestien, lequel fut trouvé noyé dans la rivière au village de Verrigné en cette paroisse.
– 30 mai 1672 – Un estranger submergé ensepulturé. […] un garçon agé de dix huit à vingt ans dont le nom estoit incogneu, lequel s’estoit noyé au port de Briollay et à moi présenté par le Lieutenant des Eaux et Forests.
– 14 juin 1672 – Le quatorze de juin mil six cent soixante et douze par nous curé de Briolay soubzsigné a esté ensepulturé au cimetiere dudit lieu un pauvre homme trouvé submergé dans l’eau.
– 3 août 1680 – Le troisiesme jour du mois et an que dessus par nous curé soubssigné a esté inhumé au cimetiere dudit lieu René MORIER, vivant serviteur de … Le MONNIER maistre boucher Angers, qui avoit esté trouvé submergé en la rivière de Sartre au bas de Verrigné, lequel cadavre nous avoit esté présenté par Mr Le Procureur fiscal dudit lieu pour estre enterré et inhumé.
Parfois le noyé séjourne quelques jours dans l’eau avant qu’il n’en soit retiré, et je me demande dans quel état était le corps d’Etienne COLOMBEAU qui ne fut repêché que trois mois après sa disparition…
– 5 février 1686 – Le cinq feuvrier 1686 a été par moy curé soussigné enterré le corps de deffunt Estienne COLOMBEAU, sergent royal de la paroisse de Saint Michel du Tertre les Angers, lequel étant tombé dans l’eau le 24 novambre de l’année precedente, fut retrouvé le 5 feuvrier cy dessus denommé, dans la riviere du Loir au dessous du grand port de Briollay, et fut ledit jour inhumé dans le cimetiere de la dite paroisse après toutes les formalités gardées.
Jean LANCELOT, batelier, est mort par accident, un jour de travail comme un autre, alors qu’il ouvrait la porte marinière.
Autrefois, en effet, le Loir et la Sarthe étaient navigables. Les portes marinières sont les ancêtres des écluses modernes. Ces portes, en bois, permettaient aux Moulins de retenir l’eau afin de fonctionner, mais quand un bateau passait, il fallait les ouvrir. (Si j’ai bien tout compris…) On voit ici que c’est le batelier lui-même qui a ouvert la porte et non le meunier. ( A ce sujet voir cet acte transcrit par Mme Odile Halbert sur son blog).
– 19 juin 1697 – Le dix neuf juin 1697 a esté inhumé au cimetiere de Briollay par moy prestre sousigné, le corps de Jean LANCELOT vivant batelier demeurant paroisse de Saint Michel du Tertre, aagé de trante trois ans ou environ, etouffé par accident dans les eaux des Moulins de Pont, y estant tombé en ouvrant la porte marinière le dix huit dudit mois et le lendemain dix neuf fut pris en notre presence par les pescheurs demeurant sur le lieu et à nous presenté par Jean DESHAYE et … BONHOMME demeurant aussi dite paroisse de Saint Michel du Tertre à la réquisition et presence desquels nous l’avons inhumé comme dit est…

Le siècle s’achève sur une dernière noyade collective qui eut lieu sur la Prée de Valesve. René FEVRIER, l’un de mes cousins lointains, y périt noyé, ainsi qu’un certain René PROU, surnommé La Fontaine. L’un fut inhumé trois jours plus tard, le second, seulement un mois après…
– 10 janvier 1699 – … a eté par moy curé soussigné ensepulturé au cimetiere de ce lieu le corps de René aagé de vingt et huit ans, fils de Jean FEVRIER et de Renée MAILLARD, lequel se noya sur la prée appellée Valesve le sept du present mois.
– 5 février 1699 – … ensepulturé au cimetiere de ce lieu le corps de René PROU dit Fontaine, aagé de soixante ans ou environ, le quel se noya sur la prée appellée Valeve, le sept du mois de janvier audit an.
Bien évidemment les noyades ne s’arrêtent pas avec la fin du 17ème siècle et leurs traces se poursuivent ultérieurement… A suivre donc, peut-être….
- Illustration – Ballades à Briollay entre Sarthe et Loir au Printemps. Merci au blog Amour Troubadour en chantant.





Oui, hélas beaucoup de noyades dans la région. Il y eut aussi jusqu’à la fin des années 1960 des noyades surtout l’été, lors de fortes chaleurs, on se baignait beaucoup dans les fleuves et rivières.
J’aimeAimé par 1 personne