Calendrier de l’Avent 2018 – Jour 2

Dans son Bulletin Historique et Monumental de l’Anjou, Aimé de Soland rapporte souvent des faits remarquables …

Evénements extraordinaires

Le 25 septembre 1554, une pluie couleur sang tomba dans plusieurs contrées de l’Anjou ; une panique effroyable s’empara des esprits, chacun crut à la fin du monde. Sur ces entrefaites, un phénomène semblable se produisit à Aix en Provence. Un savant naturaliste de ce pays, ayant étudié ce qu »on croyait être des gouttes de sang, reconnut qu’elles étaient produites par la décomposition d’excréments de papillons et de pucerons, dont le nombre avait été très considérable dans le mois de juillet.

Cette remarque fut bientôt connue en Anjou et rassura les esprits, qui étaient fort alarmés. Chacun avait abandonné ses affaires pour ne songer qu’à se préparer à la mort.

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Au mois de juin 1783, un brouillard très intense se fit constamment sentir en Anjou, pendant plusieurs mois ; un témoin oculaire nous donne à ce sujet les détails qui suivent :

Ce fut le 18 juin qu’on remarqua pour la première fois ce brouillard singulier, au travers duquel le soleil pouvoit à peine pénétrer. Quelquefois cet astre ressembloit à un globe d’un rouge sang ; d’autres fois il paroissoit d’une couleur jaunâtre et le plus souvent il étoit pâle et blanchâtre. Plus sec qu’humide, ce brouillard avoit cela de particulier, qu’il ne faisoit point entrer les sels en déliquescence, ni monter l’hygromètre ; il n’empêchoit point l’abondance de l’évaporation, et ne ternissoit même pas la glace qu’on soumettoit à son action ; assez souvent inodore, il acquéroit quelquefois une odeur sulfureuse. Les 26, 27 et 28 juin, il déposa dans une nuit, sur les végétaux, une eau épaisse, gluante, d’un goût désagréable, un peu fétide. Cette liqueur laissa des taches de la plus grande causticité. Les fleurs de la vigne furent brûlées et tombèrent en partie. Dans d’autres endroits, ce brouillard mûrit les bleds et favorisa les moissons comme le font les météores électriques.

Ce qu’il offrit encore de particulier, fut une quantité prodigieuse d’orages qui éclatèrent vers la fin de juin, et dont plusieurs se firent entendre, sans qu’aucun nuage se montrât sur l’horizon.

Plusieurs physiciens ont rapporté la cause de ce brouillard extraordinaire, aux exhalaisons qui sortirent du sein de la terre, lors des tremblements de Messine et de la Calabre, qui eurent lieu la même année.

Aimé de Soland

Ce brouillard n’a pas été provoqué par les tremblements de terre de la Calabre, mais par l’éruption d’un volcan islandais, le Laki,  qui a eu lieu le 8 juin 1783. Le brouillard ressentit en Anjou l’est également partout en France, par exemple en Bourgogne, comme on peut le lire dans ce très intéressant article publié sur le blog des Archives municipales de Beaune,  Le tremblement de terre de 1783 et les aléas climatiques.

• Bulletin Historique et Monumental de l’Anjou, par Aimé de Soland, Cinquième année de publication, 1858. (pp.143-144)
• Séismes de février et de mars 1783 en Calabre, Wikipedia.
• 8 juin 1783, Eruption dramatique du Laki, Herodote.net.
• Éruption du Vésuve la Nuit, William Marlow, 1768.