Seiches-sur-le-Loir, lundi 19 octobre 1626, Mathurine COCU épouse Gatien LE CAMUS. Mathurine est terrorisée ; d’une part parce qu’elle épouse un « vieux », en effet Gatien LE CAMUS a quasiment le double de son âge, c’est-à-dire 27 ans, car oui, Mathurine n’a que 14 ans, et d’autre part parce que la région est décimée par la peste. Le mariage ne peut d’ailleurs être célébré au bourg de Seiches, il a donc lieu dans la Chapelle de Matheflon. Mais Mathurine n’est pas seulement terrorisée, elle est aussi triste. Elle songe en effet à sa mère, que l’on a mise en terre il y a moins de deux mois, et qui a rejoint ainsi son père, Pierre COCU, mort deux ans auparavant, la laissant seule…

Vivra-t-elle longtemps ? Vivra-t-elle heureuse ?

Longtemps ? Sans aucun doute, puisqu’elle aura au moins dix enfants… Heureuse ? C’est une autre histoire…

Gatien LE CAMUS, fils de feu Urbain LE CAMUS et Jeanne ARONDEAU a espousé Mathurine COCU fille de défunt Pierre COCU et de feu Rose POIRIER ont esté espousés en la Chapelle de Mathefelon, à cause de la contagion qui estoit depuis peu au bourg de Seiches, par moy René GOURAND, prêtre vicaire, sous signé, le 19ème jour d’octobre 1626, en présence de Pierre POITEVIN, de Messire François BROSSARD prêtre.

Pierre COCU, père de Mathurine, était marchand tanneur et demeurait à Matheflon où il mourut, le 14 janvier 1624. J’aime beaucoup son acte de décès.

Ce registre est d’ailleurs très beau. Certains actes sont magnifiques et la plupart sont dotés de détails que l’on ne trouve pas souvent, comme l’heure de la mort ou de la sépulture… Parfois ce sont mêmes de véritables morceaux de vie, comme celui qui est raconté dans cet acte et qui se trouve juste après celui de mon ancêtre :

Perrine LEROY, femme de Jacques PANTESZE, marchand pouldrier demeurant au lieu où se faict la boucherie pour la maison du Chasteau du Verger, mourut le lundi quinziesme jour de janvier dedans le parc dudit Verger, au lieu qu’on appelle St Gilles où elle avoit esté portée malade pour changer d’air, et fut enterrée le lendemain mardi seizième jour dudit mois, l’an mil six cent vingt et quatre au Couvent du Verger par les religieux d’iceluy ausquels le corps fut presenté par moy René GOURAND, prestre vicaire de la paroisse de Seiches soubz signé, assisté de Messire Pierre SOURCILLER aussy prêtre.

Et je ne peux alors m’empêcher de songer aux dames alanguies, celles que les romantiques, les Stendhal, les Chateaubriand, décrivent si souvent dans leurs romans d’antan…