Joseph HERVAULT fils, père à quinze ans
Mon arrière-arrière-grand-mère connaissait-elle les amours de son petit frère Joseph ? Exilée loin de son pays natal, et des siens, je me demande si elle communiquait avec sa famille restée en Bretagne, à Iffendic ?
S’il m’était possible de me téléporter là-bas en 1883, au début de l’hiver, et d’y rencontrer Joseph, que me raconterait-il ? Pourrait-il m’expliquer comment tout cela a commencé ?
Malheureusement nous sommes confinés ! Il est interdit de voyager… Alors il ne me reste plus qu’à imaginer ce qu’il aurait pu me dire…
Sans doute Joseph m’aurait-il dit tout simplement, qu’aussi loin qu’il s’en souvienne, sa Marie avait toujours été là, auprès de lui. – Car oui, c’est bien de Joseph et de Marie qu’il s’agit ! – Qu’elle le prenait déjà par la main quand il était enfant et qu’ils sautaient de rocher en rocher. Qu’au sortir de l’enfance, il la suivait toujours, le long des routes, de plus en plus loin. Et puis que finalement, c’est elle qui devait presser le pas afin de ne pas le perdre dans les hautes futaies des bois de Brocéliande.
Jusqu’à cette nuit de novembre. Joseph ne s’en souvient plus très bien. C’était bien après la nuit de la Samain, mais ce n’était pas encore le temps de l’Avent. Un grand manteau blanc recouvrait les sources et les champs. Marie était restée chez lui, bien au chaud… Et alors…
Alors … Joseph était allé voir le père. Mais il n’avait rien voulu entendre. Pensez-donc ! Sa fille, sa petite Marie, et un gamin de 15 ans, sans père et sans fortune. Joseph dut s’éloigner pour toujours. Marie garda les yeux baissés.
La petite Augustine vit le jour neuf mois plus tard. Joseph n’en sut rien. On y veillait. Marie était bien gardée. On cacha l’enfant et la mère. Mais Joseph s’obstina. Quand Augustine eut deux ans, il refit sa demande, mais la famille de Marie refusa encore. Marie résista tant et plus, mais il lui fallut céder. L’année des quatre ans d’Augustine, résignée, elle épousait ce grand nigaud de POULNAIS qui consentait, presque sans contrepartie, à la prendre pour femme. Marie était si jolie, cela aidait…
Nous étions alors en 1888. Joseph grandissait de son côté. Il eut enfin 20 ans. Pour oublier il voulut s’engager, mais l’armée ne voulut pas de lui. Pieds plats !
Cela aurait pu être la fin de l’histoire. Mais… sans même avoir eu le temps de se retourner, mais quand même après avoir mis au monde deux filles, deux ans plus tard, Marie se retrouva subitement veuve !
Cette fois, plus rien ne s’opposa à ce que Joseph et Marie soient enfin réunis. On observa un délai convenable et le mariage fut célébré le samedi 6 février 1892. Augustine, leur fille, avait déjà presque dix ans…

Joseph Marie HERVAULT, qu’il m’a plu d’imaginer en « Roméo arthurien », était le petit frère d’Anne-Marie HERVAULT, l’une de mes arrière-arrière-grand-mère, dont j’ai évoqué l’histoire précédemment. Il était né le 28 juillet 1869 à Iffendic. En 1892, il épousa Marie Françoise LEGEARD, une jeune veuve âgée de 27 ans. Sur leur acte de mariage, les deux époux reconnaissent qu’ils ont eu auparavant une fille, née hors mariage, le 25 août 1884. Joseph avait alors tout juste quinze ans et Marie, dix-neuf…

Quelques articles sur la famille de Joseph Marie HERVAULT :
- Sa sœur – Née au pays de Brocéliande, Anne-Marie HERVAULT (1862-1948).
- Son père – Joseph HERVAULT (1829-1873), de la prison à la mendicité.
- Sa mère – Une vie presque ordinaire, Joséphine TROUVÉ (1831-1893).
Vignette – Le Vallon de La Chambre au loup, Iffendic.

Une belle histoire que cet amour de jeunesse qui subsistera malgré les refus d’un père qui, lui, n’avait pas perçu la passion qui liait ces deux enfants.
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Merci Sébastien. C’est en tout cas mon interprétation car la réalité est peut-être moins romantique…
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Très joli ! C’est un #RDVAncestral qui fait chaud au cœur. Ton interprétation des faits se tient bien.
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Merci Christelle. C’est une histoire qui m’a émue et je voulais la partager.
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Très émouvant, en effet. C’est de la vraie littérature !!! Bravo !!!
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Merci Jean-Claude. Je suis très touchée. C’est la vie qui ressemble à un roman et qui parfois – bien plus souvent qu’on le croit – dépasse la fiction !
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Quelle belle histoire ! Superbement racontée.
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Cela me fait très plaisir que cette histoire émeuve également. Merci.
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AH, çà fait du bien !…Comme ces histoires que nous racontait l’institutrice de CM2, en fin d’après midi, pour nous permettre de nous calmer, avant la sortie !!! Cette fois ci, JE NE ME SUIS PAS ENDORMIE !!! MERCI FRANÇOISE !!!
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Vous m’avez fait rire ! Il est vrai que c’est presque une histoire… à dormir debout !
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Vous vous rendez compte : l’histoire de ce père qui voit sa fille, déjà une jeune femme, « entichée » d’un gamin de 15 ans ? IL NE POUVAIT PAS COMPRENDRE !!!
Vous vous rappelez ce rôle d’Annie Girardot… ? qui racontait l’histoire d’une femme prof’, amoureuse de son élève, de dix ans plus jeune qu’elle, dans un lycée parisien ? C’est la même chose à quelques siècles de distance ! Vous avez vu la tête de cet élève ? Il faisait plus vieux qu’elle et MALGRÉ ÇÀ, tout le monde était SCANDALISÉ !
AH AH AH !!!
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Quelle belle prose ! tu as vraiment des talents de romancière !
Bravo et merci.
Continue de nous régaler, ça fait du bien pendant ce confinement.
Bisous.
Josie
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Merci Josie. Contente que cela te plaise ! Je t’embrasse aussi. Bisous.
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Léger romantique, nécessaire en ce moment, nul doute que la réalité corresponde au merveilleux titre
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Belle histoire ! Même si elle est imaginée, elle se tient bien et ne doit pas être très loin de la réalité. Merci pour ce beau moment de lecture. Je me suis déjà attachée à ce « petit » Joseph :)
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Très romantique.
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Belle histoire… On leur souhaite d’avoir enfin été très heureux. Mais soyons justes ou du moins essayons. A la décharge du papa, les antécédents familiaux du jeune Joseph étaient bien mauvais : un grand-père indigent (et la mère aussi par conséquent), des frères et soeurs dont on ne connait pas très bien le père, un père sorti de prison qui finit mendiant et vagabond… Quelle réputation devaient-ils avoir.
Et Joseph qui fait un gamin à la fille de la maison ! A 15 ans ! Il commençait mal dans la vie. Comment pourrait-il assumer sa famille ? Comment savoir s’il l’aimait réellement ? Quant à savoir comment il tournerait avec l’âge… D’ailleurs, n’y a-t-il pas un dicton paysan qui dit « Mariage d’amour réjouit les nuits et ruine les jours » ? Le papa a choisi d’assurer l’avenir de sa fille. Peut-on le lui reprocher ?
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Bien-sûr ! Il y a d’ailleurs de grandes chances que cela se soit plutôt passé comme vous le dites, mais… j’avais envie de rêver un peu !
En réalité… je l’avoue, le père de Marie était déjà décédé au moment des faits. Je l’ai découvert après avoir imaginé mon histoire… Mais qu’importe, un frère, un oncle, ont pu jouer le même rôle que le père, ou, pire encore, c’est sans doute Marie elle-même qui a mis de côté le petit Joseph ! Qui l’a congédié sans espoir ! Que faire avec un gamin de 15 ans, en effet ? Comment nourrir une famille ? Elle a réussi à trouver un mari qui a bien voulu d’elle mais, hélas, cet imbécile est mort prématurément. Cette fois elle s’est tournée vers Joseph, qui entre temps avait grandi un peu et cultivait un lopin de terre, et puis, de toute façon, lui ou un autre…
Bon, mais c’est quand même moins romantique, non ???
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