Calendrier de l’Avent 2024 – Jour 7
Une guérison miraculeuse
Angers, Paroisse de Saint Augustin, 12 juin 1644. Ce jour-là, Jean FOURMONT, natif de la paroisse de Meurs (= Murs, non loin des Ponts-de-Cé), est guéri miraculeusement d’une paralysie. Entré dans l’église, il en ressort quelques temps plus tard, sur ses deux jambes, sans son bâton.

Le dimanche dousiesme jour de juin 1644 Jan FOURNIER, natif de la paroisse [?], lequel estant venu par devotion et pour chercher garisson d’une paralisye, laquelle il avoit dans un costé, dans l’esglise de Sainct Augustin lez Angers où il auroist continué une neuvaine et parachevée le dit dimanche et faict dire une messe an l’honneur de Sainct Augustin et ayant beu de l’ieau de la fontaine édiffiée par sainct Augustin et en ayant froté son costé dans lequel estoit son hydropisie et receu garison et s’en est allé au veu de plusieurs des habitans de ladite paroisse estant dans l’église attendant leur grande messe de paroisse, s’en seroist allé sans son baston qu’il auroit lessé en ladite église et estant allé prier [taché] messe qu’il auroist faict dire à [taché] Pierre LANDAYS prestre viquere dudit lieu, lequel auroist dit et asseuré avoir receu garisson, dont le sieur AMYS prieur curé dudit Saint Augustin en estant adverty et certifie auroist faict escrire et enregistrer, lesdits jour et an comme dessus.
L’acte est difficile à déchiffrer et taché par endroits, néanmoins l’essentiel du texte est préservé. Il s’agit d’une guérison miraculeuse, d’un miracle et, comme tout miracle, il doit être prouvé. A noter que le mode conditionnel utilisé ici est ce qu’on appelle un conditionnel médiatif, il permet de rapporter un discours ou une information sans prendre position quant à sa véracité. On le trouve souvent, par exemple, dans les actes de baptême où le prêtre s’inquiète de savoit si l’enfant a été ou non baptisé à la maison et qu’il interroge la sage-femme…
Heureusement, il y a beaucoup de témoins ! Tous les paroissiens présents pour la grande messe du dimanche – et ils devaient y en avoir beaucoup – ont pu voir Jean FOURMONT, paralysé et frappé d’hydropisie, boire l’eau de la Fontaine érigée par Saint Augustin, en asperger son côté malade et sortir de l’église sans son bâton ! Il faut dire que ce Jean FOURNIER le méritait. Tour à tour, il avait offert à Saint Augustin des neuvaines (prière récitée neuf jours de suite) et avait fait dire plusieurs messes en son honneur.
L’histoire de Saint Augustin
Célestin Port raconte ainsi l’histoire de Saint Augustin :
« C’est là qu’en 597 se réfugièrent une quarantaine de moines. Partis de Rome en 596, ces moines cheminaient vers l’Angleterre. En effet, le pape Grégoire, futur Saint Grégoire le Grand, les avaient envoyés évangéliser ce pays, où les Angles et les Saxons, vainqueurs des Bretons, venaient d’importer toutes sortes de superstitions catholiques existantes. Ces moines avaient été pour la plupart choisis sur l’ordre de Saint Benoît, et placés sous la direction d’Augustin, prieur du monastère bénédictin de St-André à Rome, déjà réputé pour sa sainteté et ses talents d’organisateur.
Leur passage est signalé à Gênes, à Arles, puis à Lyon, à Autun et de là à Tours : c’est-à-dire la vallée du Rhône, puis la vallée de la Loire. De Tours, où ils sont reçus à l’évêché, les moines gagnent Saumur et se dirigent vers Angers par la rive sud de la Loire.
Ils franchissent le fleuve et entrent dans Saïcum (Les Ponts-de-Cé), village encore peu converti au catholicisme, où on refusa de les accueuillir. Ils quittent donc cette inhospitalière cité et suivent la lisière de la forêt de « Belle-Poule », toute proche, pour y chercher sans doute une source, en tout cas un abri, mais y sont poursuivis par une horde hurlante et menaçante, presqu’exclusivement composée de femmes. A mi-chemin d’Angers, un grand et bel ormeau paraît favorable à Augustin pour y passer la nuit. Mais les femmes revenaient sans cesse à la charge. L’une d’elle, aussi méchante qu’un chien, dit-on, attaque à coups de pierres. Pour éloigner l’adversaire, Augustin lève son bâton. Le bâton file comme une flèche et va se ficher en terre. Immédiatement jaillit une source abondante à cet endroit jusqu’alors inculte du fait du manque d’eau. Suivit une fuite éperdue des femmes vers le village. Augustin et sa compagnie restèrent toute la nuit autour de cette fontaine, en rendant grâce à Dieu. Leur sommeil était protégé par une grande lumière venue du ciel.
Au point du jour, quelques curieux se risquèrent aux abords du campement des religieux. Eux aussi étaient levés et invoquaient Dieu, lorsque se produisit un extraordinaire phénomène visible de fort loin : une lueur éblouissante embrasa l’atmosphère et la Vierge apparut au centre de ce décor féérique. Prosternés, les moines vénérèrent leur sainte patronne, tandis que les témoins couraient vers le village y porter la nouvelle, qui ne put qu’accroître les regrets de tous pour la malencontreuse scène de la veille.
Longtemps, les religieux demeurèrent en oraison. Il fut décidé que l’un d’eux au moins demeurerait pour y glorifier Dieu et la Vierge et les remercier de la grande grâce qu’ils leur avaient accordée.
Avant de partir, le prieur de St-André à Rome traça autour de la fontaine, avec son bâton, l’inscription suivante : « Ici Augustin, le Serviteur de Dieu, envoyé par le Pape Grégoire, pour convertir l’Angleterre, a trouvé l’hospitalité. »
Passage du roi Louis XIII à Saint Augustin
Dans les registres de la paroisse de Saint-Augustin-les-Angers, le même sieur AMYS, prieur de l’église, raconte un autre fait remarquable s’y étant produit. Il s’agit du passage du roi Louis XIII qui, au mois d’août 1614, s’arrêta à Saint-Augustin-lès-Angers, et y déjeuna, à l’entrée du cimetière, assis sur une pierre. (C’est encore la Régence, il n’a que treize ans.)

Louis XIII, Roy de France et de Navarre, passa par cy le huictieme jour d’aoust, vigille de Saint Laurent, et collationna sur une des pierres de l’entrée du grand cymetiere de Saint Augustin lez Angers, et s’en retourna le premier de septembre 1614, faict par moy M. AMYS prestre prieur curé dudit Saint Augustin licentié es droitz canon, le deuxiesme jour de novembre l’an mil six cent quinze.
