C comme CONDITION
Si la plus grande terreur des mères d’autrefois était de voir leur enfant mourir sans qu’il ait reçu le sacrement du baptême, celle des prêtres était de pratiquer deux fois ce sacrement sur le même nouveau-né. Le baptême fait partie en effet des rites qui ne peuvent avoir lieu qu’une fois. C’est pourquoi, au moindre doute, l’enfant est baptisé « sous conditions », c’est-à-dire « à condition qu’il n’ait pas été déjà baptisé auparavant ». C’est le cas des enfants trouvés bien-sûr, mais aussi des enfants ondoyés à la maison. Le plus souvent, le prêtre pratique un véritable interrogatoire et note scrupuleusement ce que les témoins lui déclarent au sujet de l’enfant qu’il baptise et dans le doute, il opte toujours pour le baptême « sous condition ».
Voici, par exemple, trouvé sur les registres de La Tessoualle, un acte de baptême « sous condition » dans lequel le prêtre explique clairement pourquoi il utilise ce genre de cérémonie :

« Le ving sixieme jour du mois de juillet mille six cent quatre ving dix neuf a été baptisé sous condition Joseph né le jour précédent, la raison pour quoy je l’ay baptisé sous condition, est que celuy qui le baptisa à la maison, ne toucha qu’un peu la tête de l’enfant qui n’étoit poin sortie du sein, et qui ne paroissoit presque poin, il prit de l’eau avec son poulce et le porta sur la tete de l’enfant en disant les paroles, peut être meme qu’il n’y eut poin d’ablution, ce qui m’a obligé à baptiser ledit enfant sous condition, qui est fils légitime de François PROUST meunier et de Marie FORCHERAT de Ribou en cette paroisse, le parain a été maistre Joseph SICAUD et la maraine dame Anne SOUCHET qui sçavent signer. »
Le fait de ne « toucher qu’un peu la tête de l’enfant » et l’absence de certitude quant à l’aspersion d’eau, obligent le prêtre à choisir la prudence et à pratiquer le sacrement « sous condition ».
Illustrations
Vignette – Extrait de Alphabet des petites écoles, ou Tableau instructif et amusant des principales connaissances mises à la portée des enfans, Paris, 1815. (En ligne sur Gallica)

Je n’avais pas encore l’occasion de rencontrer ce terme de baptême sous conditions. Merci pour article.
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Ce baptême sous condition est reposant après celui d’hier, même si la naissance ne dut pas être facile non plus. Bravo pour la qualité des articles, c’est passionnant.
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Les ondoiements ou baptême sous condition, ou dans l’urgence, par la sage-femme voire au pire par un membre de la famille sont fréquents dans les registres paroissiaux, la matrone est alors seule garante des signes de vie de l’enfant en danger. On sent à la lecture de certains actes, la traque du souffle, du moindre frémissement, même si à la description des faits, il est peu probable que le foetus soit encore vivant (comme hier). L’importance du baptême est telle que Mauriceau l’accoucheur va inventer une seringue à baptiser in utéro (ça évitera de tirer sur la main…) ! L’ondoiement fait partie des apprentissages de la sage-femme et Madame Du Coudray leur enseigne les mots qu’il faut dire ! http://www.aly-abbara.com/museum/medecine/pages_01/instruments_medicaux/seringue_a_baptiser.html
Moi je me régale avec ces articles ! Merci !
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J’ai effectivement eu vent de cette seringue magique, mais je n’en ai pas encore trouvé de trace dans
un acte…
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C comme on en apprend sur les baptêmes, dans les articles et dans les commentaires !
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Intriguant, je n’ai pour ma part jamais rencontré de baptême sous conditions en Maurienne. J’ai appris quelque chose, merci !
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Je ne connaissais pas ces baptêmes sous conditions. Merci pour la découverte.
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