B comme BARBARE
Andard, 11 mai 1725, un accouchement difficile tourne au cauchemar… Louise TREGUIL, femme de René COUSIN, ne peut expulser son enfant. Ce dernier ne se présente pas de façon habituelle, et l’accouchement traîne en longueur. L’enfant, qui est alors encore vivant, selon le témoignage de trois personnes, est baptisé en toute hâte sur une main, le reste de son corps étant inaccessible. Pour sortir l’enfant, le chirurgien sera obligé de lui couper les deux bras…
« L’onziesme jour de may mil sept cent vingt cinq a esté inhumé dans le cimetiere de la paroisse d’Andart par nous archiprestre d’Angers et curé dudit Andart soussigné le corps du fils de René COUSIN et de Louise TREGUIL son épouze, le dit enfant baptizé sur une main sortie du sain de la mère par Me DAVY maistre chirurgien, le reste du corps y estant encore renfermé et vivant suivant le témoignage du dit chirurgien de la paroisse de Corné, de Marie OUDOUIN femme d’André DOUAMIER et de Marie MENOU veufve de Jean GOUJEON, et né de ce jour après qu’on lui a eu coupé les deux bras pour le tirer du sain de la mère, la ditte MENOU et la ditte OUDOUIN ont déclaré ne sçavoir signer, la ditte sépulture faite en présence du dit René COUSIN et d’Urbain LE BRETON de cette paroisse. »
Fort heureusement, la pauvre mère, Louise TREGUIL, se remettra de ce terrible accouchement et elle mettra au monde, l’année suivante, le 28 juin 1726, un nouvel enfant, une petite Louise, cette fois sans aucune difficulté.
Rarement vu aussi horrible !
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Oui. Lorsque je l’ai découvert, je l’ai relu plusieurs fois avant de vraiment comprendre… C’est quelque chose de totalement inimaginable pour nous, à notre époque (fort heureusement), mais qui ne devait pas être si rare autrefois. Sans doute le chirurgien a-t-il posé au père la fameuse question : « La mère ou l’enfant ? » Ici, il a choisi la mère…
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C’est horrible ! Je viens d’être maman et je n’ose même pas imaginer à quel point ça a dû être terrible pour la mère !
Je n’ai jamais vu ça ailleurs non plus !
En tout cas, ça a le mérite de nous remettre les idées au clair sur la facilité d’accoucher de nos jours, même en cas de problème pour le bébé !
Eline
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Quelle atrocité ! C’est un partage bien intéressant qui a le mérite de nous rappeler que nous avons maintenant la chance d’avoir une médecine de pointe.
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La rédaction de l’acte est impressionnante ! Aucun sentiment, rien que les faits les plus horribles dans le détail ! On a le sentiment qu’il n’y a là rien d’étrange ! J’aurais aimé connaître les pensées de la mère, des témoins, de l’archiprêtre et du curé….
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Oui, hélas, les mots sont brutaux et sans fioritures. Mais le fait même de raconter cet acte « barbare » est une petite preuve de l’intérêt qu’il a sans doute suscité… , peut-être même le signe d’une compassion…
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Merci pour cette archive que la collectionneuse d’accouchements (dans la littérature et les archives), que je suis, apprécie. L’embryotomie est fréquente, mais rarement racontée, car seul le chirurgien la pratique, et il faut trouver un chirurgien (vient-il de loin ?)… Celui-ci aurait-il pu sauver cet enfant ou au moins éviter ce geste, en pratiquant une version grande extraction ? Connaissait-il la manoeuvre ? On me dit dans mon oreillette qu’il aurait fallu qu’il arrive très très vite sans quoi la manoeuvre est impossible et l’embryotomie nécessaire dans un monde sans césarienne.
Il choisit de sauver la mère, quand combien d’autres l’auraient laissée mourir… L’enfant était-il encore vivant comme le prétendent tous nos curés pour administrer le baptême… On a du attendre très très longtemps (parfois plusieurs jours) avant de se résoudre à une telle intervention. Il fait avec soin cette sale besogne, puisqu’il préserve sa fécondité, et évite les complications infectieuses
Etait-ce son premier accouchement ?
Quelle est part des mauvaises manoeuvres éventuelles de la matrone dans cette présentation de la main ? Elles n’ont pas encore d’enseignement.
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Merci Gloria pour ces précisions.
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C’est incroyable que la mère s’en sorte vivante.
Quel témoignage d’époque…
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Captivant et effrayant… La pauvre mère a dû vivre ses prochaines grossesses dans l’angoisse…
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Cruel et bouleversant… il n’y a pas de mot pour traduire ce qu’ont dû subir cette future mère et son enfant
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Je n’ai jamais vu aussi affreux. Je n’ose même pas imaginer ce qu’il se passe dans la tête des gens dans un moment pareil. Malgré tout, le chirurgien a tout de même réussi un miracle : sauver la mère…
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Un de mes ancêtres de Châtellerault paroisse St-Jean-Baptiste (x 1658 + 1689) ainsi que son frère avaient pour patronyme : REQUIEM. J’ai toujours pensé qu’ils faisaient passer ses « patients » de vie à trépas mais je n’ai jamais trouvé de tel compte rendu d’accouchement.
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Cauchemardesque mais bravo pour cet article !
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objet mes « Requiem » – J’ai omis d’écrire, mais peut-être l’a-t-on deviné qu’ils étaient « maîtres chirurgiens » !
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Je m’en doutais un peu… Quel joli nom, REQUIEM, pour des « maîtres chirurgiens » qui plus est !
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Y a-t-il eu barbarie, l’enfant abandonné a-t-il été agressé par une bête ? En tous cas, à Châtellerault (paroisse St-Jacques) une petite Marie fut baptisée le 22-03-1772 et on la dit
« TOUTE MEURTRIE ET ENSANGLANTEE.
Ses père et mère étaient bien sûr inconnus.
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Vraiment stupéfiant ! Merci de signaler cette archive.
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