Trémentines

           Trémentines, canton et arrondissement de Cholet (10 kil.) – à 50 kil. D’Angers – Ecclesia de Trementinis 1122 (Liv. d’A., f. 2-3) – Ecclesia Sancti Evurtii de Trementinis 1146 (Ibid., f. 4) – Ecclesia Sancti Evultii de Trementinis 1156 (Ibid. f.6) – le Prioré de Trementines 1591 (H Pr. De Trém.) – Ecclesia prioratus de Tormentinis 1418 (Ibid.) – Tourmentines xvi-xviii e siècle, très fréquemment dans les actes et encore aujourd’hui dans la prononciation populaire. – Sur un double plateau, divisé par la vallée de l’Evre, entre Jallais (11 kil.), la Chapelle-Rousselin (10 kil.) et Saint-Georges-du-Puy-de-la-Garde (4 kil.) au Nord, La Tour-landry (7 kil.) et Vézins (6 kil.) à l’Est, Nuaillé (3 kil.) et Cholet au Sud, le May (9 kil. ½ à l’Ouest.

            La route nationale d’Angers aux Sables descend du Nord-Est jusqu’au bourg où elle s’infléchit vers Sud, croisée dans le bourg par le chemin d’intérêt commun de St-Macaire à Vézins. – Le chemin de fer de Niort traverse parallèlement la partie occidentale en se rapprochant du bourg à 2200 mètres, où existe une station.

            Par le centre, de l’Est à l’Ouest et à quelques mètres du bourg, traverse la rivière d’Evre, animant sur un parcours de 10100 mètres les moulins de Picosson et de la Forêtrie. – Y passent en bordure ses affluents les ruisseaux de l’Eperonnière, qui limite entre Vézins vers Sud-Est, – le ruisseau de Montbault, qui limite entre Nuaillé, Cholet et le May, grossi du ruisseau de la Gilbretière, qui limite Nuaillé, – le ruisseau de la Genillère, qui limite St-Georges-du-Puy-de-la-Garde, – et les ruisseaux de la Singère, de la Beillardière, et des Ogeries, ce dernier seul né sur le territoire.

            En dépendent les villages et hameaux du Chiron (7 mais., 34 hab.), du Quarteron (4 mais., 27 hab.), des Croix-Blanches (4 mais., 17 hab.), de la Grande-Avernière (4 mais, 26 hab.), de la Frégeolière (4 mais., 32 hab.), de la Boussardière (4 mais., 26 hab.), du Grand-Village (3 mais., 13 hab.), de la Gare (3 mais., 10 hab.), de la Florencière (3 mais., 16 hab.), de la Grande-Goubaudière (3 mais., 17 hab.), et plus de 80 fermes ou écarts. – Ni château ni maisons bourgeoises.

            Superficie : 3430 hectares, dont 600 hectares en prés, 14 hectares en bois, réduits de moitié depuis 60 ans, 4 hectares en vignes, 2600 hectares en labours.

            Population : 250 feux, 1133 hab. en 1720-1726. – 1400 communiants en 1771. – 305 feux, 1803 hab. en 1789-1790. – 1802 hab ? en 1821. – 2005 hab. en 1831. – 2033 hab. en 1841. – 2162 hab. en 1851. – 2358 hab. en 1861. – 2411 hab. en 1866. – 2337 hab. en 1872. – 2247 hab. en 1876. – en développement constant et régulier, suspendu depuis dix ans, dont 1274 hab. (304 mais., 335 ménages) au bourg, aligné le long de la route nationale, sur la pente du vallon de l’Evre, avec quelques rues transversales, d’aspect chêtif et vulgaire, où s’ouvrent de nombreuses caves de tisserands, au service de l’industrie de Cholet.

            Une poterie aussi y fonctionne ; – 2 moulins à eau ; 11 moulins à vent : une teinturerie ; carrières de pierres à bâtir.

            Marché de menues denrées le vendredi. – Assemblées le 1er dimanche de mai et le 3è dimanche d’août.

            Recette de poste. – Perception de Vézins.

            Mairie avec Ecole publique laïque de garçons établie dans l’ancien prieuré, que la commune a racheté par acte du 17 novembre 1850, autorisé le 1er avril 1854. – Ecole publique de filles (Sœurs de Ste-Marie d’Angers), construite par adjucdication du 29 août 1858 (aechitecte Simon). – Salle d’asile publique laïque, fondée en 1853.

            L’Eglise, dédiée à St Euvert (succursale, 30 septembre 1807), date à peine de 1860 (archit. Simon), le clocher de 1869 (archit. Tessié) : le chœur, à 7 pans coupés, s’éclaire des vitraux de Thierry d’Angers, la Vierge, au centre, portant l’Enfant, qui tient la boule du monde ; à droite, St Joseph et St Charles Borromée ; à gauche, St Jean-Baptiste et St Euvert : – à l’autel, autour d’une composition symbolique, figurent dix statuettes de Saints ou de Saintes.

            L’ancienne église, sans intérêt aucun, avait été agrandie et transformée en 1772. Le clocher, reconstruit en 1687, portait les armes de Colbert, le chœur datait de 1788.

            Les traces de l’âge dit celtique abondent sur le territoire, mais surtout aux alentours de la ferme de Perchambault, campée vis-à-vis le confluent du ruisseau de Montbault dans l’Erdre, au sommet d’un coteau d’où la vue embrasse vers l’Est un horizon de plus de 24 kil. sur la vallée de l’Evre. C’est sur la pente du faîte extrême, à 300 mètres à l’Ouest de l’habitation, que s’élève un galgal, formant une colline factice circulaire, d’une circonférence de 35 mètres, d’une hauteur d’environ 6 mètres, le sommet amoncelé d’un accumulement de blocs de quartz apportés là de main d’homme ; – vers Sud-Ouest à mi-côte, le peulvan dit Pierre Fiche décrit ci-dessus, p. 73 ; – tout près, trois autres pierres d’environ 70 centimètres de hauteur, de 80 centimètres à 1 mètre 30 de largeur, fichées en terre, dont deux à demi brisées ; – plus loin encore, dans le pré de la Vallée, deux autres pierres debout (80 centimètres et 1m20 de hauteur) – et à moins de 50 mètres du premier peulvan, git une autre pierre, brisée par la mine en trois blocs, ensemble de 2 mètres 80, sur une base circulaire de 1 mètre 30 de diamètre, le sommet terminé en pointe aigue ; – enfin deux autres vers Sud, couchées en terre, dont la plus petire mesure 2m10 de longueur moyenne, la plus grande 2m65 sur 1m40 ; – plusieurs haches de pierre ou celtae ont été trouvées aussi au Plassard : – un peulvan, aujourd’hui absolument disparu, s’élevait sur le champ de la Grande-Pierre-Bise. La voie antique de Cholet à Chemillé traversait du Sud-Ouest au Nord-Est, dans toute la largeur du territoire, croisée presque à l’entrée et à la sortie par les grandes voies de Somloire et de Doué à Nantes par le May.

            L’église doit sa fondation sans doute dès le XIe siècle aux seigneurs de Maulévrier et est mentionnée au XIIe siècle par plusieurs bulles des papes, qui en confirment la propriété à l’abbaye Saint-Florent de Saumur. Un prieuré y est dès lors constitué, dont le temporel comprend plus tard, – outre le logis qui existe encore, attenant autrefois vers Sud à l’église, et divers prés et vignes, – les métairies de la Bourdinière, de la Chevalerie, de la Grande et de la Petite-Musse et un fief dit le Thunes, avec sénéchal, procureur, greffier, sergent, ayant juridiction sur tout le bourg, sauf trois maisons dépendant de la Commanderie de Villedieu. Deux religieux y résidaient encore en 1621 – mais ils avaient quitté la place dès avant la fin du XVIIe siècle. En 1727 le prieur traita avec le curé pour qu’il acquittât les obligations religieuses du bénéfice. En 1764 le titre en fut éteint et le temporel réuni à la mense abbatiale.

             Prieurs : Macé de Saumur, à qui le seigneur de Maulévrier octroie en pure aumône sa propre « garenne de connins et de levres et de perdrix et d’autres quaucumques bestes et oysseas », 1281 – Pierre de la Béraudière, 1418 – Baudouin Rabinart, 1478, 1497 – Jean de Mathefelon, juillet 1497, qui devient abbé de St-Florent en octobre 1504 – Robert Raoul, 1511, qui permute en 1522 pour le prieuré de Saint-loup près Sablé – Pierre Couaisnon, 1522 – Commendataires : Noble homme Pierre Chenu, du bas-Plessis, 1537, 1561 – Mathurin Choppin, 1576 – François Sauvestre, 1580 – René Chenu, fils du précédent, qui se marie en 1603 – Claude Chenu, 1606 – Jean Métayer, 1617, 1624 – Julien Démon, 1624, 1629 – Jean Defay, 1632 – Urbain Rodais, docteur en théologie, 1642, maintenu contre un compétiteur par arrêt du Conseil du 2 janvier 1637 – Pierre Chauveau, 1648, maintenu par arrêt du 30 mars 1650, qui permute en 1665 pour la cure du Lion-d’Angers – Simon Quéchon qui prend possession le 3 mars 1666 et résigne en 1668, sous réserve d’une pension – Jacques Moreau, promoteur du Diocèse, frère de Mme de Lambroise, installé le 19 juin 1668, qui résigne en 1726 – Jean de Loubes, chanoine de Quimper, installé le 27 septembre 1726. – Il résigne le 10 janvier 1759 au profit de Jean René Gaultier, qui est pourvu en cour de Rome le 12 février et confirmé par lettres d’attache du 2 mai ; – pourtant Julien Lecerf produit des titres égaux en date du 14 mai et du 3 juillet 1761 – et en définitive Jean de Loubes est encore prieur en 1763 et le 5 novembre déclare quitter l’abbaye de St-Florent pour aller résider en l’abbaye de St-Gildas-des-Bois.

            L’aumônier de Maulévrier, Nicolas Vaubrun, avait fait construire vers 1490, à la croix orée du cimetière, « un arceau » où les paroissiens déposaient leurs offrandes, dont le prieur prenait le tiers. C’est la petite chapelle dite de Vertus, aujourd’hui disparue.

            Un curé fut attaché de bonne heure au service religieux, à titre de vicaire perpétuel du prieur, et touchait environ 600 livres de revenus. L’église, dédiée sans raison connue à St Euvert, reçut en 1480 de l’abbé de St-Euvert d’orléans, une des trois dents conservées du saint évêque. La précieuse relique fut apportée par André Guyochault, sieur de la Tigeoire, et richement enchâssée. – Les Registres de la cure sont conservées depuis 1562.

            Curés : Mathurin Barilleau, 1482 – Robert de Blavon, prieur de l’Hôtel-Dieu d’Angers, 1559 – Pierre Martineau, 1562, 1581 – Au 30 janvier 1569, une note du registre avertit : Hic multa desunt propter metum Judoeorum. Il s’agit des huguenots qui couraient alors le pays. – Jean Bouet, 1605, 1625. – Gaultreau, avril 1637 – Ch. De la Courtaiserie, 1648 – Louis Morin, installé le 20 août 1664, † le 27 janvier 1679 – Noel Germond, avril 1679, † le 22 novembre 1694 – Pierre Chevalier, janvier 1695, 1705 – René Maugrin, 1717, 1734 – Pierre-François Godemer, 1735, 1742 – René-Léon Vexiau, 1745, † le 7 octobre 1762 – François Grolleau, 1763, qui passe en novembre 1781 à la cure du Longeron – Louis Grolleau, son frère et son vicaire, novembre 1781, † en 1784 – Rousseau, décembre 1784, 1790 – Pierre-Louis Robin, curé constitutionnel, saisi par les insurgés le 14 mars 1793, fut conduit, enchaîné avec les curés de Cholet et de Gesté, à la tête de l’avant-garde, mais il parvint à s’échapper le 26 mars de l’église de Montjean, où il avait été renfermé. Il renonce à toute fonction ecclésiastique le 28 frimaire an II.

             Le prieur Moreau avait fondé dans le prieuré même une école de filles, tenue par une institutrice, qu’y maintint son successeur par bail du 11 juin 1731. – Une école de garçons existe aussi depuis au moins 1772, tenue en 1788 par l’abbé J.-B. Moron, qui figure en 1793 dans les rangs de l’insurrection.

            La paroisse dépendait de l’Evêché de Poitiers jusqu’en 1317, de Maillezais jusqu’en 1648, plus tard de la Rochelle, de l’Archidiaconé de Thouars, du Doyenné de Vihiers, de la Sénéchaussée et du Présidial d’Angers, de l’Election de Montreuil-Bellay, du Grenier à sel et du District de Cholet. – Les pauvres y abondaient.

            Maires : Gabriel-Louis Romain Rigalleau, né à Tigné le 27 février 1766, volontaire au 2è bataillon de Maine-et-Loire, capitaine de grenadiers, fait prisonnier au siège de Namur, notaire à Trémentines en l’an IV, commissaire exécutif près le canton du May le 11 thermidor an VI, maire le 1er messidor an VIII, jusqu’au 30 brumaire an XIII, mort en 1839 – Benoist, 2 floréal an XIII – Dénéchau, 10 février 1813 – Jacques-René Simon, 23 août 1815, démissionnaire. – Ch.-L.-Benj. De Grignon, marquis de Pouzauges, né à Vezins le 3 novembre 1781, retraité comme capitaine de grenadiers, maire le 30 avril 1823, jusqu’en 1830, † à Angers le 15 janvier 1852 – Dénéchau, 16 novembre 1830. – Eugène-Désiré Benoist, 14 juin 1834, démissionnaire. – Michel Cassin, 4 octobre 1836. – Aimé Cassin, 19 sepembre 1846, installé le 15 novembre, en fonctions, 1878.

            Arch. De M.-et-L. C 192, E 800-807 : G Cures ; H St-Florent, Prieuré de Trémentines (3 cartons, 5 registres). – Arch. Comm. Et.-C. – Notice Mss de M. Spal. – Notes Mss de M. Boutillier de St-André. – D. Huynes, Mss., f. 310. – Pour les localités, voir à leur article, Perchambault, la Tigeoire, la Forétrie, la Frégeolière, la Florencière, la Musse, la Frétellière, la Boulaie, la Bréchotière, Bonnemort, la Vernière, Beauregard, Landebry, La Forêt-Bonamy, etc.

 


Bibliographie

-Bulletin de la Société archéologique et historique de l’Orléanais, Société archéologique et historique de l’Orléanais. 1904. Don d’une relique de Saint Euverte , T. Cochard. (GallicaBnF)