Les trois frères LELIEVRE

Un acte de mariage très frustrant

Angers, paroisse de La Trinité, 7 janvier 1630, Jacques LELIEVRE épouse Françoise ALLARD. Malheureusement l’acte de leur mariage n’est pas filiatif et, comble de la frustration pour un généalogiste, les témoins ne sont pas nommés mais uniquement désignés par le lien de parenté qui les unit aux époux. C’est ainsi que sont présents à ce mariage « la mère de l’épouse » et « le frère de l’époux ».

Acte de mariage de Jacques LELIEVRE et Françoise ALLARD, 7 janvier 1630, non filiatif – AD49

Le septiesme jour de janvier 1630 ont esté receux à la bénédiction nuptiale par moys curé soubssigné, Jacques LE LIEVRE et Francoise ALLARD tous deux de ceste parroisse par permission de Monseigneur le Rénérend evesque d’Angers en datte du cinquiesme jour dudit mois en presence de la mère de ladite Françoise, de Madame de LANGE, du frère dudit LE LIEVRE et de plusieurs autres de leurs parens et amis. Faict en ceste eglise ledit jour et an que dessus.

Si j’ai facilement pu retrouver l’identité de la mère de la mariée, en revanche, il m’a fallu un certain temps avant d’identifier le frère de l’époux.

Un oncle mystérieux

Jacques LELIEVRE et Françoise ALLARD ont eu dix enfants, parmi lesquels trois d’entre eux – trois filles – se sont mariées. La première, Marie, dont je descends, épousait le 10 juillet 1657 à La Trinité, paroisse d‘Angers, Jacques LEPAGE. A son mariage était présent son oncle, Pierre LELIEVRE, qui a signé. Ce Pierre LELIEVRE est-il le frère de Jacques cité dans le mariage ci-dessus ? Je l’ignore, mais ce frère, qu’il soit ou non le même, a désormais un prénom et peut-être a-t-il laissé des traces.

Signature de Pierre LELIEVRE au bas de l’acte de mariage de Marie LELIEVRE et Jacques LEPAGE, 10 juillet 1657 – AD49

L’acte de mariage de Renée LELIEVRE, seconde fille de Jacques LELIEVRE à se marier, n’apporte pas d’information supplémentaire sur ce fameux Pierre LELIEVRE. Baptisée en 1639, elle épousait en 1662 Julien BERNIER et mourut prématurément au cours de sa vingt-cinquième année, en 1664.

En revanche, le mariage de Françoise LELIEVRE, troisième et dernière fille de Jacques, est beaucoup plus intéressant. Le 3 juillet 1668, elle épousait à La Trinité d’Angers René BELLANGER, auquel mariage étaient présents « Pierre LELIEVRE, marchand ciergier », et « Christophe LELIEVRE, paroissien de Cantenay », malheureusement sans mention de parenté quelconque.

Signature de Pierre LELIEVRE, marchand ciergier au bas de l’acte de mariage de Françoise LELIEVRE, en 1668 – AD49.

Pourtant, ces deux témoins sont nécessairement là pour assister la jeune mariée, dont le père, Jacques LELIEVRE, vient de mourir, il y a tout juste… une semaine ! Je suis donc persuadée qu’un lien de parenté les unit, reste à trouver lequel !

Après de longues heures journées de recherches, j’ai pu démêler l’écheveau des LELIEVRE éparpillés sur les paroisses de Cantenay – où a vécu Christophe LELIEVRE – et celles de La Trinité d’Angers, d’Avrillé ou encore de Montreuil-Belfroy – où se cachait l’oncle des filles de Jacques LELIEVRE, le fameux Pierre LELIEVRE.


Les frères de Jacques LELIEVRE

Jacques avait en réalité deux frères : Pierre et Jean.

Pierre, avait épousé Jeanne GRIVOT et était notaire de la baronnie du Plessis-Macé. Originaire de Juigné-Béné, on commence à retrouver les actes de baptêmes ou de sépulture de ses enfants à Montreuil-Belfroy à partir de 1631. On y découvre sa signature à plusieurs reprises, identique à celle qui se trouve au bas du mariage de Marie LELIEVRE, comme on peut le voir ci-dessous.

Signature de Pierre LELIEPVRE au bas d’un acte de baptême d’un enfant dont il est le parrain. (22 avril 1645, Montreuil-Belfroy) – AD49

Le vingt et deuxieme jour d’avril mil six cent quarante et cinq a esté baptizé Sébastienne fille de Louis BOURNEUF et de Michelle [blanc], a esté parain Me Pierre LE LIEPVRE notaire soubs la Court du Plessis Macé, maraine Sébastienne COUET…

Pierre LELIEVRE, notaire, est le père de Pierre LELIEVRE marchand ciergier, présent au mariage de la dernière fille de Jacques, Françoise, en 1668. Il avait épousé Marie LESCOTTIERE le 28 février 1658 à Angers, paroisse de La Trinité. Au bas de son acte de mariage, on peut découvrir sa signature au dessous de laquelle on peut reconnaître celle de son père.

Mariage de Pierre LELIEVRE, fils de Pierre LELIEVRE et de Jeanne GRIVOT, 28 février 1658, Angers, La Trinité – (AD49)

Jean LELIEVRE, autre frère de Jacques, était métayer de Beaudon, à Cantenay. Il mourut assez jeune, laissant deux fils derrière lui Christophe et Olivier. Christophe LELIEVRE, présent au mariage de Françoise LELIEVRE citée plus haut, épousait en 1639 Claude DELHOMMEAU. Son oncle, Pierre LELIEVRE, est présent à son mariage, ainsi peut-on faire le lien entre les trois branches des trois frères LELIEVRE ; Jacques, Pierre et Jean.

Signature de Pierre LELIEVRE au bas de l’acte de mariage de Christophe LELIEVRE et de Claude DELHOMMEAU, 8 février 1639, Cantenay-Epinard – (AD49)

Le père des trois frères

Grâce au mariage de Christophe LELIEVRE, j’ai pu découvrir l’ancêtre commun aux trois frères, leur père à tous les trois. En effet, François COUÉ, beau père de Christophe, est présent à son mariage. Ce dernier avait épousé Renée BESSONNEAU, veuve de Jean LELIEVRE, or, le mariage de Jean LELIEVRE et de Renée BESSONNEAU, qui a eu lieu le 15 septembre 1614 à Cantenay-Epinard, nous permet de découvrir le nom de son père, et donc du père de Pierre et de Jacques LELIEVRE qui se prénommait Christophe.

Acte de mariage de Jean LELIEVRE et Renée BESSONNEAU, 15 septembre 1614, Cantenay-Epinard – (AD49)

Sans doute né aux alentours de 1570, j’ignore à peu près tout de lui, si ce n’est qu’il semble encore en vie en 1614. On peut penser, suite à différents indices glanés en différents endroits, qu’il était originaire de Juigné (Juigné-Béné). Malheureusement, les registres de cette paroisse ne remontent pas avant 1676.

Peu importe ! Je suis bien contente d’avoir pu découvrir un ancêtre de plus. D’autre part, je ne serais pas étonnée que quelques actes notariés – contrats de mariage, inventaires après décès ou autres – se cachent quelque part dans les archives départementales …

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