Ecouflant – Dictionnaire Historique du Maine-et-Loire, Célestin Port (1878)

Célestin Port, Dictionnaire Historique du Maine-et-Loire, 1878

Écouflant, canton N.-E. et arrondissement d’Angers (8 kil.). – Villa Conflentis 996-1010 (1er Cartulaire St-Serge, p.13). – Terra ad Conflens 1036-1056 ( St-Aubin, Mense convent., t. I, f.75). – Apud Conflentum 1052-1082 (1er Cartul. St-Serge, p. 154). – Conflentz 1150 circa (Ibid.p.156). – Coflenz 1150 circa (Ibid. p. 148 et Briollay, ch. or.). – Coflent 1127-1150 (Cart. St-Aubin, f. 36). – Capellania d’Escoflain 1190 (Hauréau, Preuv.). – Villa de Escouflant 1200 (Abb. du Perray). – Ecoflens 1579 ( Carte). – Ecoflens 1607 (Carte Mercator).

– Dans le large circuit formé par le confluent du Loir dans la Sarthe et de la Sarthe dans la Maine, – entre Briollay (4 kil.) et Soulaire (7 kil.) au Nord, Cantenay (3 kil.) à l’Ouest, Angers à l’Ouest et au Sud, Saint-Sylvain (4 kil. et demi) au Sud-Est et Villevêque (9 kil.) à l’Est.

Le bourg s’étale sur la rive gauche, et, comme l’indique son nom, au confluent même de la Sarthe et de la Maine, dont une vaste courbe, vis-à-vis même, étreint la grande île Saint-Aubin, dépendance d’Angers ; deux bacs y communiquent l’un au-dessus du bourg, l’autre à la Halourde. Deux autres petites îles se forment en face l’église, dont une appelée dès le XIVe siècle la Tasse-aux-Filles. – Au-dessus, les prairies de la rive droite de la Sarthe, dites Longues-Iles, dépendent de la commune.

Le chemin de grande communication d’Angers à Morannes traverse la partie Sud de la commune, en longeant tout le côté oriental du Sud au Nord-Est. – Tout auprès, et le coupant par trois fois, circule le chemin de fer du Mans qui presque à son entrée fait station à 1200 mètres du bourg.

Y passent, outre les trois rivières, les ruisseaux de l’Épervière, du Perray et du Gué-de-Moré.

En dépendant les villages, cantons ou hameaux de la Charpenterie (14 maisons, 42 habitants), des Aubés (27 maisons, 73 habitants), de la Chevère (10 maisons, 33 habitants), du Chêne (27 maisons, 60 habitants), de la Guichonnière (17 maisons, 37 habitants), du Perray (5 maisons, 20 habitants), de la Bourserie (7 maisons, 17 habitants), d’Eventard (17 maisons, 46 habitants) de Beuzon (14 maisons, 43 habitants), les châteaux de Beuzon, d’Eventard, du Verger et nombre de maisons de plaisance et d’écarts avec logis bourgeois et maisons de fermes ; – et aussi l’hippodrome de la Société des Courses d’Angers, installé en 1836 dans les prairies de la rive droite de la Sarthe et transféré depuis 1863 sur un terrain acquis par les sociétaires, à l’Est du château d’Eventard, avec accès par la route de Paris.

Superficie : 1702 hectares dont 7 hectares en vignes et 54 hectares en bois.

Population : 115 feux en 1720. – 120 feux en 1790. – 700 habitants en 1793. – 947 habitants en 1831. – 962 habitants en 1841. – 1024 habitants en 1841 – 1040 habitants en 1851. – 991 habitants en 1861. – 1027 habitants en 1866. – 941 habitants en 1872 dont 300 habitants au bourg. (93 maisons, 98 ménages).

Assemblée le 24 juin.

Culture du chanvre ; jardinage et primeurs ; – pêche ; – carrière de pierre à bâtir ; – chasse en hiver des oiseaux de passage, échassiers et palétuviers, sur les prairies converties en un lac immense depuis Angers jusqu’à Soulaire et Briollay.

Bureau de poste d’Angers et Perception de Pellouailles.

Mairie avec Ecole de garçons, construite en 1847, la réception des travaux datant du 30 juin 1848 (arch. Duvêtre). – Ecole publique de filles (Sœurs de St-Charles).

L’Église, dédiée à St Jean-Baptiste (succursale, 5 nivôse an XIII), est située au milieu du bourg. C’est un édifice informe sans intérêt, dont la nef, large de 7 mètres 40, mesure à peine 20 centimètres de plus en hauteur, jusqu’à sa voûte en bois. Il a été restauré et presque entièrement reconstruit sous la direction des architectes Binet (1814), puis François (1815-1817), le chœur démoli, le tout transformé. An fond s’applique l’autel en rétable, contenant au centre un piètre tableau : Un ange montre à St Joseph endormi la Vierge, agenouillée devant l’Enfant ; – dans des niches, à droite, St Sébastien, ; à gauche St Jean-Baptiste. L’aile gauche du transept en style ogival flamboyant est due à Jean FOUCHIER, sieur de Préaux, comme l’atteste son épitaphe datée de 1526. Une inscription près la chaire rappelle une fondation de Marquis CHESNEAU 1499. Deux autres restent cachées sous le ciment. Une croix adossée extérieurement au mur de l’église porte la date de 1760. – Le principal vitrail fut vendu 13 livres en l’an II. – Le clocher, avec flèche, date de1720.

Le Presbytère, aliéné nationalement le 7 brumaire an III, a été racheté par la commune, autorisée par une ordonnance du 2 juillet 1812 ; – le Cimetière, acquis par une ordonnance du 29 septembre 1809.

Le 21 avril 1872 a été adjugée la construction d’un hôpital dédié à Saint Augustin (architecte Bonnet),  fondé par une donation particulière et qui a été inauguré le 16 novembre 1873, sur la place, entre l’église et la mairie. – Presque vis-à-vis s’élèvent de vieux logis à pignons et croisées du XVIe siècle, notamment vers Sud-Est Bellebranche, ancienne dépendance du collège de la Flèche, vendue nationalement le 5 novembre 1793.

A 3 kilomètres en aval du bourg actuel, vers Angers, au lieu dit la Salle, nom caractéristique, dans le flanc de la berge légèrement exhaussée, à quelque distance du lit de la Maine, chaque crue d’hiver achève d’emporter des tronçons d’un mur en blocage imbriqué et qui soutenait ou reliait les diverses parties d’un édifice disparu. Sous le sol cultivé se reconnaît, pendant plus de 50 mètres, la ligne blanche et noire du parquet en ciment, recouvert d’une couche de 3 ou 4 centimètres de cendre, de laquelle on dégage en grattant des débris d’antiques poteries. Rien n’indique même le nom de cette ruine, tout au moins gallo-romaine.

La villa même d’Ecouflant succédait sans doute à une agglomération plus antique , établie, comme partout, au confluent des rivières, et que desservait la voie d’Angers à Brissarthe par Briollay. – Le domaine appartenait au Xe siècle à l’évêque d’Angers Rainaud, qui de l’aveu du roi Robert en donna la moitié à l’abbaye de St-Serge d’Angers (996-1010), avec la moitié des revenus du port et les pêcheries des prés de la Sarthe. Les moines acquirent, vers la fin du siècle suivant (1052-1080), l’écluse placée sur la Sarthe et qui relevait en partie de Briollay et de Blaison. Vers le même temps l’abbaye de St-Aubin devint propriétaire dans les environs ; – mais on n’y voit pourtant établir ni prieuré ni paroisse. A la fin du XIIe siècle encore il n’y existe qu’une chapelle, non plus qu’en 1200, quand Marguerite de Sablé donna à l’abbaye du Perray, (Voir ici), nouvellement fondée sur le territoire, une partie du village avec le four à ban et des bois. Tous le pays, à vrai dire, de Briollay à Angers et de la Sarthe à la Loire, n’était qu’un bois, découpé de quelques cultures encloses, et relié sous différents noms, – bois de Serné, de l’Olivraie, du Breuil – à la forêt de Verrières, où les évêques installèrent au XIIIe siècle leur maison de plaisance, Eventard.

Le Chapitre St-Julien d’Angers, jusqu’à sa réunion au Séminaire, présentait la cure, soit en vertu de quelque donation des seigneurs de Blaison ou de Briollay, soit plutôt parce que la paroisse aura été détachée de celle de Cantenay, qui faisait partie de la donation antique du Chapitre.

Curés : Pierre Bourreau, 1543.  Louis Le Picart, † en juillet 1552. René de Boisjourdan, 1552, démissionnaire. Jacques Lemaçon, mars 1555, n.s., qui résigne quelques jours après. Gaspard Belin, avril 1555, permute l’année suivante. Guillaume Genest, octobre 1556. Ysaac Lemaçon, † en 1583. René Jameron, janvier 1584, n.s. René Heurdebonde, 1609. René Bruslé, 1630. Joachim Cheverue, 1660. Michel Lecomte, † le 27 janvier 1696, âgé de 69 ans. Poitevin, 1760. Gaussuron, 1767. Leroy, 1789, transporté en Espagne en 1792.

La paroisse faisait partie de la baronnie de Briollay, sans autre fief privilégié que celui du Verger et de l’abbaye du Perray. Elle relevait de l’Archidiaconé d’Angers, de l’Archiprêtré de la Flèche, de l’Election, des Aides, du Grenier à sel d’Angers, de la Prévôté d’Angers, sauf la partie tenue en régale comme dépendance d’Eventard – du District en 1788 de Châteauneuf, en 1790 d’Angers.

Maires : Mathurin Marchand, 10 messidor an VIII. Charles de Beaumont d’Autichamp, V. ce nom, 8 thermidor an XIII. Jean-Marie Muguet, mai 1815, installé le 16 juin, démissionnaire le 18 juin 1816. François Poulain, juillet 1816. Pierre-Jean Esnault, 25 mai 1821. Michel Jubeau, 4 mars 1826, installé le 19, démissionnaire le 13 octobre 1830. Pierre-Jean Esnault, 1830, démissionnaire le 22 novembre 1834. Lecoq, 1834. André Richou, 1835. Victor Avenant, 1843, démissionnaire le 31 août 1851. Charles Lebis, 1852, démissionnaire le 1er décembre 1855. François Nail-Desmelettes, 27 décembre 1855, installé le 6 janvier 1856, démissionnaire le 19 novembre 1859. Louis Lecoq, 4 novembre 1859, installé le 13. Ravalet, 1870, en fonctions, 1874.

Arch. de M.-et-L. C 192 ; H Abb. St-Serge. – Arch. comm. Et-C. – Répert. arch., 1861, p. 95 ; 1863, p.49 ; 1868, p.206. – Maine-et-Loire du 19 août 1830, article signé E. M. – Revue de l’Anjou 1854, t. I, p. 197. – Pour les localités, voir à leur article, la Courbuissonnière, le Verger, le Perray, Eventard, la Bourserie, la Halourde, Beuzon, etc.

Eventard, château, commune d’Ecouflant. – Manerium seu herbegamentum domini episcopi de Eventard 1281 (H.-D. B 32, f. 36). – Eventard 1337 (Ib.). – Manerium episcopi quod vocatur Eventard 1314 (G 7, f. 125). – Robert de Chaufour fit don de la terre à l’évêché d’Angers et l’évêque Nicolas Gellant y construisit en 1280 un manoir qui devint et resta jusqu’au XVIIIe siècle la maison de plaisance de ses successeurs et la première étape où ils se préparaient à leur installation, – par chacun d’eux embelli, mais surtout augmenté par Michel Lepelletier, en dernier lieu par Michel Poncet de la Rivière. En septembre 1626 il servit de refuge pendant la contagion aux Ursulines d’Angers, V. Louvet dans la Revue d’Anjou, 1856, t. I, p. 299. Le naïf Bruneau de Tartifume, Mss. 871, t. II, p. 120-137, nous a laissé un dessin et une description de ce qu’il y a vu de son temps : sur le portail un écusson écartelé des armes du Chapitre de St-Maurice et de la famille de Mathefelon ; au-dessus de la plus haute croisée, dans une niche, la statue de St-Maurice ; à l’entrée, sur la gauche, une galerie « en laquelle sont arrangées les représentations de 8 cerf en relief », portant au cou des écussons d’évêques ; sur la porte de la chapelle, les armes de Guillaume Ruzé ; au sortir, un bois de haute futaie, percé de longues et belles allées avec berceaux et cabinets de verdure, et au bout de l’allée centrale, un jeu de mail ; dans le bois, un petit oratoire, enceint d’une petite douve, et qu’on racontait avoir servi aux méditations des premiers évêques Apothème, René, Aubin, Maurille. – Ce qui est plus certain, c’est que la duchesse d’Anjou, quand elle se trouvait dans la province, réunit souvent les conseillers de sa Chambre des Comptes au château d’Eventard, Mss. 867. – La terre relevait de Beuzon. – Outre le dessin de Bruneau de Tartifume (XVIIe siècle), on en a une vue du XVIIIe siècle par Ballain (Mss. 867. p. 520), – un très veau plan du château et du parc donné par M. Guillory au Musée d’antiquités, – et un autre dessin, dans son état d’il y a quarante ans, par Berthe, Mss. 896, f. 44. – l’acquéreur par vente nationale fit abattre les grands bâtiments, les bois taillis, les charmilles. Il reste encore pourtant, sur une des faces de l’ancien château, le pavillon de l’ancienne porterie, entre deux tourelles élancées avec lucarnes du XVIe siècle et cadran en ardoise, aux armes et à la devise de l’évêque J. de Vaugirault et la date 1753, – une chambre avec l’inscription : Charles Miron, évêque d’Angers, m’a fait faire 1609, et ses armoiries, – deux portes à fronton circulaire, accostées de balustrades, quelques servitudes, et sur la face opposée une magnifique terrasse à balustrade, XVIIe siècle. M. Morel a donné deux vues de ce logis dans ses Promenades artistiques, Angers, 1872.

Le château d’Eventard dessiné par Ballain, 1716.

Ballain (Jean), potier d’étain à Angers, mort en 1744, passionné d’histoire angevine, a laissé un recueil manuscrit (Bibl. mun. ms. 991) qui vaut surtout par les nombreux dessins à la plume, souvent coloriés, dont il a illustré son ouvrage. C’est également lui qui est l’auteur du beau vase à thériaque, signé et daté (1720) de sa main, aujourd’hui conservé à l’hôpital.

Courbuissonnière (La), commune d’Ecouflant. – La borderie vulgairement appelée La Courbuissonnière, 1416 (le Perray). – La closerie de La Corbussonnerie, 1509 (Ib.). Ancien domaine de l’abbaye du Perray, qui l’arrenta en 1416.

Bourserie (La), ferme, commune d’Ecouflant, logis du XVIIe siècle, domaine du feudiste Audouys, V. ce nom.

Audouys (Joseph), fils de Pierre AUDOUYS, sieur d ela Proutière, conseiller à la prévôté royale d’Angers et de Marthe CATERNAULT, naquit à Saint-Maurille d’Angers le 2 mai 1727. Il avait pour frères Pierre-François, sieur de La Véronnière, contrôleur au grenier à sel d’Angers, et Jean-Baptiste, officier au régiment de la Reine-Dragons. Sa soeur épousa Robert le ROYER de CHANTEPIE, conseiller à la prévôté d’Angers. « Archiviste et généalogiste de la ci-devant noblesse d’Angers », comme il s’intitulait lui-même, pendant la Révolution, Joseph AUDOUYS collectionna les archives, dressa les généalogies et est l’auteur d’énormes compilations qui sont aujourd’hui partagées entre la Bibliothèque de la ville et les Archives de Maine-et-Loire. Zn 1783 il se proposait de publier un armorial de l’Anjou dont le projet, comprenant 172 folios, est aujourd’hui le manuscrit 994 de la Bibliothèque, abondamment utilisé par J. Denais. Au début de la Révolution Audouys avait protesté contre le changement de nom des rues et la démolition de l’église St-Pierre. C. Port a publié sa réponse à l’abbé Jameron. (Dictionnaire, I, 156). Audouys fut chargé en décembre 1794 (avec son collègue Desbiez) du triage des titres pour le compte du district d’Angers. Il fut en 1796 adjoint aux trois préposés au triage (Desbiez, Gastineau, Renaud). IL cessa des fonctions en 1796 et se retira à La Bourserie, près d’Eventard, commune d’Ecouflant, où il mourut le 23 août 1802. Liste de ses principaux manuscrits dans le catalogue des manuscrits des bibliothèques publiques des départements par Molinier. (Dict. de biographie française, IV, 440). – Uzureau, Anjou historique, 1945, pp. 100-104 ; 1947, XLVII, pp. 12-16.)

Beuzon, château et ferme, commune d’Ecouflant. – Prœfectura de Bosono 1095 (1er Cartulaire Saint-Serge, p. 308). – ln Bosone 1096 (Ib.).

La terre, qui paraît avoir eu l’importance au Xie siècle d’un centre administratif, comme viguerie ou canton, appartenait à Girbaud, prêtre, qui la laissa en mourant à ses deux fils, à charge de la léguer plus tard à une abbaye. Le dernier survivant, Geoffroy, acquitta ce vœu en la donnant à Saint-Serge, avant de partir en 1096 pour la croisade où il mourut. Une chapelle dédiée à Sainte Catherine y fut fondée en 1218. – Le domaine relevait alors, comme au XIe siècle, de Briançon, tandis qu’en 1465 c’est à la baronnie de Candé que rend aveu, ainsi que font ses successeurs après lui, Jean de Brie, pour « l’hébergement, chapelle, mottes, douves anciennes environ ladite motte, plesses, garennes » ; – de même, René de Brie en 1518. – Pierre et François de Brie vendirent la seigneurie par acte du 7 juin 1533 à Gilbert Verge, avocat. Elle appartient dès 1540 à Renée Fournier, veuve de Jean de Pincé, – à René Fournier en 1561. Françoise Bluyneau, veuve de François Lefebvre, président au Parlement de Bretagne, fit reconstruire vers 1630 la maison seigneuriale, en délaissant au métayer « les vieux logis près la motte et forteresse ancienne ». – La terre appartenait en 1803 à Mme de Vassé, belle-mère du général d’Autichamp, qui y demeurait sous l’Empire, et de qui à hérité M. Pelletier de la Garde et sa descendance.

Le domaine, composé de 120 hectares, a été morcelé par diverses ventes, sauf une réserve de 12 hectares autour de l’habitation actuelle, construction relativement moderne, sans caractère, qu’abrite vers Nord-Est une futaie. – L’ancienne chapelle, reconstruite au XVIe siècle, à 100 pas du logis, est transformée en bûcher. – Dans une des servitudes, à l’angle avancé de l’aile gauche, une chambre appropriée en chapelle renferme six tombeaux des familles d’Autichamp et Pelletier de la Garde. – Une partie de l’ancien domaine, comprenant 18 hectares, primitivement en culture, avait été convertie par M. Henri Escot en prés irrigués, suivant la méthode des Vosges, par le moyen de reprises d’eau empruntées à un ruisseau voisin et élevées au point culminant dans un immense réservoir à l’aide d’un moulin à vent qui fait manœuvrer des pompes d’une grande puissance. – Depuis quelque temps le système de l’exploitation a de nouveau été modifié et dirigé exclusivement vers la culture des primeurs.

Halourde (La), ferme, commune d’Ecouflant. – La Grande, la Vieille-Halourde 1402, 1575. – Autrefois dans la paroisse Saint-Samson et « sur le grand chemin tendant d’Angiers à Briolay par le pont d’Escoillon » 1402, 1573 (H.-D. B 45). – Il y existait une petite chapelle au Xve siècle. – Domaine de l’Hôpital général, acquis le 22 janvier 1696 de Guillemine Guérin.

Verger, maison bourgeoise et ferme, commune d’Ecouflant. – Ancienne maison noble, domaine au XVI-XVIIe siècles de la famille Landivy, dont les portraits décoraient la chapelle de Préau dans l’église paroissiale, plus tard à la famille Chotard et par succession à Louis-Edouard Pissonnet de Bellefonds, ancien capitaine au régiment de Penthièvre en 1786. Le domaine fut acquis par le conventionnel Choudieu et par lui peu après revendu, quoiqu’il en ait pris plus tard le nom pendant son séjour en Belgique. En dépendaient les fermes de la Chiennerie et de Launay en l’an XI. L’édifice, construction du XVIIe siècle, remaniée au XVIIIe, domine à distance vers Nord, sur une crête du rivage, la rivière de la Maine. Une grande cour le précède, dont la ferme occupe les dépendances. Vers Sud un vaste jardin se termine par un petit bois. De ce côté, vers l’angle Ouest, attient aux bâtiments une chapelle rectangulaire, bénite le 19 octobre 1711 par Pierre-Claude Chotard, prieur-curé de St-Gilles de Mallièvre, sans conserver d’ailleurs trace aucune d’ornementation ni de sa destination primitive, sauf une simple croix à l’intérieur. Une large rampe en pente douce, plantée d’une belle allée de marronniers, donne accès à l’enclos.

Perray (Le)Ecouflant. Alias Le Perray-aux-Nonnains, château, ancienne abbaye. –  Abbacia de Petrosiis 1189 circa (Cartulaire du Perray, f. 2). – Monachi de Petrosis 1195 circa (Ibid, f. 1). – Ecclesia beate Marie de Petreio, de Perreio 1200 (Ib.). – Abbas de Perre 1206 (Ib.). – Locus qui dicitur Perredium juxta Andegavum 1247 (Ib.). – Moniales, ecclesia de Perrodio 1264-1265 (H.-D. B 21, f. 29 et 49). – Conventus de Perreyo juxta Andegavum 1273 (Ib.). – Le moustier Noustre Dame du Perray aux Nonnains lez Angiers 1685 (Pouillé Mss.). – Le Perray 1783 ( Pouillé).

Anc. abbaye, sous le vocable de Notre Dame, restée à peu près sans histoire. Robert de Sablé, seigneur de Briollay, s’attribue le titre de fondateur et de patron, en la gratifiant de domaines et de droits importants dans les paroisses d’Ecouflant, de Briollay et de Saint-Sylvain, par une charte que le copiste date de 1120 mais que tous les synchronismes reportent aux années 1189 ou 1190. La fondation primitive était sans doute alors de date récente. Il est acquis par ailleurs qu’elle se trouvait soumise à la règle de St-Benoît, et une bulle de 1246 la déclare formellement dans la dépendance de l’abbaye de Bellefontaine-en-Mauges. Mais dès 1228, le désordre y apparaît complet et le pape Grégoire IX charge l’évêque du Mans d’y porter remède. La bulle de 1246 constate que depuis cinq ans la maison n’a plus d’abbé et qu’elle reste écrasée de dettes et habitée misérablement par trois moines. A la prière de la comtesse de La Flèche et de la vicomtesse de Beaumont, le pape Innocent donna mandat à l’évêque d’Angers de remplacer les Bénédictins indignes par les religieuses cisterciennes. Elles y furent établies dès le mois de janvier 1247, sous la règle de Bonlieu et le patronage de l’abbé du Louroux.

Il n’est presque plus parlé jusqu’au XVIIè s. de cette abbaye obscure qu’étouffe sans doute le voisinage trop proche de l’opulent et noble Ronceray d’Angers. Son domaine, en dehors des « cloîtres, hébergements, jardins, vergers, cours et circuit », comprenait un étang avec moulin sur la chaussée, des bois, des landes et 15 ou 16 closeries, un petit fief en Vauchrétien, un autre en Corzé, en tout 4 à 5 000 livres de revenu. L’abbesse avait droit de passage gratuit pour tous ses officiers et serviteurs sur tous les bacs de Briollay et y prélevait le dixième du revenu du four banal et de la recette sur les bateaux montant avec sel et vin sur la Sarthe et sur le Loir. Tous les pêcheurs et voituriers par eau des paroisses de St-Sylvain et d’Ecouflant étaient tenus de venir tirer la quintaine, le jour de la St-Jean, à Ecouflant, vis-à-vis le village du Noyer, ou de courir la pelotte dans le bourg, sous les ordres du procureur de l’abbaye, que les femmes devaient gratifier de leur chapeau de rose, d’un baiser et d’une chanson.

La vie régulière y était d’ailleurs depuis longtemps absolument relâchée.

Quand l’abbesse de Vassé essaya de rétablir la clôture, une partie des religieuses quitta la maison. Sept des fugitives, ramenées à raison par leur directeur, acceptèrent la réforme et formèrent à Angers le prieuré de Ste-Catherine (13 octobre 1637). L’abbaye, bien que garantie par des lettres de sauvegarde du roi et de Mazarin, fut pillée sans merci le 21 février 1652, par les troupes royales. En 1687, il y résidait 12 religieuses, menant une vie étrange et toute mondaine, en guerre déclarée avec leur abbesse, qui les traitait de diablesses et qui, soutenue par l’évêque, fut condamnée pourtant par la décision des visiteurs (1691).

Le chartrier de l’abbaye, conservé aux Archives de M.-et-L., comprend un petit cartulaire d’une quinzaine de titres originaux et une cinquantaine de volumes ou liasses de contrat sans intérêt historique, où il est difficile de glaner quelques noms. Voici pourtant une liste, un peu plus complète qu’elle n’est donnée ailleurs, des abbés et des abbesses.

Abbés Bénédictins : Mathieu, 1190 circa 1200 ; Jean, 1200 circa-1208.

Abbesses Cisterciennes : Alix, 1277, 1309 ; Jeanne, 1314 ; Marguerite, 1364 ; Jeanne II, 1387, 1390 ; Pétronille, 1400 ; Jamette, 1408 ; Perronnelle, 1410, 1412 ; Marguerite, 1417 ; Perronnelle ou Pétronille II, 1422, † vers 1438 ; Marie-Simonne Hamon, novembre 1438,   † vers octobre 1464 ; Antonine ou Thomine, octobre 1464, 1470 ; Jeanne-Honorée de Valtemère, février 1472 n.s.,  † le 5 décembre 1504 ; Jeanne Pannetier, décembre 1504 ; Marguerite Veillon, installée le 8 octobre 1508, 1537. Son sceau, appendu à un acte de 1527 (G 1006, f° 79), la représente debout, et celui de l’abbaye porte une Notre-Dame avec son enfant sur les bras ; Renée Liboreau, avril 1542, qui résigne en 1549, Marie de Feschal, par bulles du 16 mai 1549, installée le 7 août,  † le 6 août 1564 ; Françoise de Coisnon, 1565, † le 7 août, d’après son épitaphe, ou suivant d’autres documents, le 6 octobre 1576, Michelle Babou de la Bourdaisière, 1580, † le 31 mai 1584 ; Suzanne Le Masson, ou de Marzon, approuvée en sa charge le 14 juillet 1584 par l’abbé de Citeaux, mais qui dut se retirer devant l’opposition du pape et du roi ; Marie de Gennes, installée le 15 mars 1585, qui résigne au profit de sa sœur en 1591, quoiqu’elle prenne encore le titre en mai et juin 1592, † 26 février 1610 ; Louise de Gennes, religieuse du Ronceray, nommée par bulles du 5 février 1591, résigne en 1614, † le 4 mai 1627 ; Catherine Grongnet de Vassé, religieuse de St-Amand de Rouen, coadjutrice de la précédente le 26 novembre 1642, lui succède et est installée le 8 février 1614, † le 2 août 1651 ; Marie de Courtavel de Pezé, religieuse de St-Amand de Rouen, nommée par le roi, le 20 août 1651, à l’âge de 28 ans, installée le 18 janvier 1652, † le 22 février 1681 ; Marie de Lambert, v. Ce nom, religieuse de Charonne près de Paris, nommée le 21 mai 1681, et non 1680, † le 29 octobre 1701 ; Jacqueline de Quatrebarbes de la Rongère, religieuse de Ste-Catherine d’Angers, 1701, résigne en 1726, sous la réserve d’une pension de 400 l., et meurt le 25 mai 1728 ; Prudence-Hélène des Cartes, religieuse de la Joye de Hennebon, 1727, 1763 : Marie-Thérèse-Andrée de Gourcy de Charay, 1770, 1790.

Quand les officiers municipaux de St-Sylvain se présentèrent le 17 juin 1790 pour prendre possession et dresser inventaire, l’abbesse déclara être originaire de Turin, ignorer son âge, avoir fait profession à Paris en l’Abbaye-aux-Bois, sans se souvenir en quelle année, et n’avoir pas encore pris de résolution. La communauté comprenait huit religieuses professes, une converse et deux sœurs données, qui toutes manifestèrent leur désir de se retirer ailleurs, en qualité de pensionnaires. Trois mois après, la maison était vide. Elle tombait d’ailleurs en partie en ruine. L’église elle-même ne paraît avoir contenu ni tableaux ni statues, à peine quelques vases d’argent. Au-devant de l’autel se conservaient les tombes des abbesses FR. de Coisnon, Louise de Gennes et Marie de Feschal, avec leurs figures gravées sur la dalle, et leurs armoiries aux quatre coins, que Bruneau de Tartifume reproduit. A droite de la porte d’entrée, dans un petit oratoire, figurait une bibliothèque d’environ 400 volumes de piété ; dans un des parloirs de l’abbesse, les archives, comprenant 42 registres et 6 cases de liasses.

La maison conventuelle, les cours, les jardins et le grand enclos, les allées, le mail, le taillis, furent adjugés le 7 avril 1791 à François Vallée, pour la somme de 30 000 francs. Le bâtiment attenant à l’église, qui servait de parloir et de logement au directeur, l’habitation du jardinier, une chapelle, l’ancien chœur des dames, furent réservés pour servir à l’installation d’une paroisse nouvelle, créée sous le nom du Perray par la loi du 17 avril 1791. Elle comprenait tout le territoire d’Ecouflant avec la partie vers l’Ouest de St-Silvain ; – mais presque aussitôt elle fut supprimée et les bâtiments rendus libres échurent par une vente nouvelle du 28 prairial an IV à Louis-Emery Damas Boullet pour 2160 livres.  – Abbaye et église ont été à peu près jetées bas en 1808.  – Un dessin de Bruneau de Tartifume, un autre plus complet de Ballain nous les montrent tels qu’on les voyait au XVIIe siècle. – De 1806 à 1808, l’habitation actuelle s’éleva dans l’enclos de l’abbaye, dont le très-beau portail reste conservé seul debout au-devant de la grande cour ; plus loin, une cuisine, une galerie et une pierre portant ces mots : Damascelle Anne de Bretagne, fille du conte de Vertu, nom sans doute d’une religieuse. – De l’église un mur subsiste encore, avec le haut clocher carré, en pleine vue du chemin de fer qui traverse le domaine. – Un réservoir profond entoure les jardins, alimenté par diverses sources, les mêmes sans doute qu’on voit en 1451 des ouvriers s’employer à capter pour le compte du roi René, afin d’approvisionner les fontaines du château d’Angers. – Cinq fortes métairies, récemment rebâties, dépendent du domaine ; – et tout à l’entour s’étendent des landes et des bois renommés des botanistes et des chasseurs.

Beauvais, métairie, commune d’Ecouflant, appartenance de l’abbaye du Perray-aux-Nonains, vendue nationalement le 4 nivôse an II.

Grellerie (La), ferme, commune d’Ecouflant. – Ancien domaine de l’abbaye Saint-Serge d’Angers, – avec moulin à vent (Cassini).