Où un oncle devient un frère, où les frères sont dits « paternels » et où les grand-pères ne sont pas ce que l’on croit…
Cheviré-le-Rouge, 27 juillet 1621, Madelaine RAVENEAU, fille de Marin RAVENEAU et de Brandelise LEMOINE, se marie avec François DUPORT. Jusqu’ici, rien de bien original. Mais tout commence à la lecture des témoins présents à ce mariage. On découvre que la mariée, dont les parents sont décédés, est assistée de son curateur, Jean LEMOINE, qui n’est autre que son oncle, mais aussi son frère !

… et du costé de la mariee, Jacques RAVENEAU son frere paternel et Jehan LEMOINE son oncle et son frère acauze de Renée RAVENEAU sa femme, et encore comme son curateur…
Comment un oncle devient-il un frère ?
Jean LEMOINE est un frère de la mère de Madelaine RAVENEAU, il est donc effectivement son oncle. Pour qu’il devienne son frère (attention, il faut prendre le mot « frère » au sens large, comme cela est souvent le cas dans les actes très anciens), il faut qu’il ait épousé la soeur de Madelaine. Cependant, comme il n’est pas possible pour un oncle d’épouser sa nièce, cela veut dire que Renée RAVENEAU n’est pas la soeur de Madelaine, mais sa demi-soeur. Elles ont le même père, Marin RAVENEAU, mais pas la même mère, ainsi Jean LEMOINE et Renée RAVENEAU n’ont-ils aucun lien de parenté. (De même, l’appelation « frère paternel » utilisée pour Jacques RAVENEAU et Pierre RAVENAU, signale que ces derniers sont ses demi-frères.)
Un petit schéma pour résumer trour ça :

Les enfants de Jean LEMOINE et de Renée RAVENEAU seront donc à la fois les neveux et nièces de Madelaine RAVENEAU, puisqu’elle est leur tante, mais aussi ses cousins et cousines, puisque sa soeur devient en quelle sorte sa tante !
Mais ce n’est pas fini !
A ce mariage, est également présent le grand-père de Madelaine RAVENEAU, Jean BEAUMONT. Les parents de Madelaine s’appelant respectivement RAVENEAU et LEMOINE, il ne peut donc s’agir que d’un « grand-père d’adoption », par remariage de l’une ou l’autre de ses grands-mères.
Sa grand-mère paternelle, la mère de Marin RAVENEAU, ne m’est pas connue, mais elle est sans doute née aux alentours de 1520, il est donc peu vraisemblable qu’elle soit concernée. En revanche, Madelaine GUYON, sa grand-mère maternelle, est veuve dès 1593. Elle se retrouve seule avec plusieurs enfants en bas-âge, dont l’ainée, Brandelise, est alors âgée d’à peine 15 ans. Elle s’est donc vraisemblablement remariée à Jean BEAUMONT, comme le montre, d’ailleurs, de très nombreux parrainages.
Et pour terminer…
Un dernier témoin assiste Madelaine RAVENEAU, il s’agit de son beau-père. Brandelise LEMOINE, veuve de Marin RAVENEAU, s’est en effet remarié avec François LAILLER, qui lui a survécu. (Heureusement qu’il n’est pas cité comme « père » de la mariée !)
- Robert LEMOINE et Madelaine GUYON sont mes ancêtres à la génération 14.

Ouf , quelle famille ! Bravo Feuilles d’ardoise pour savoir tranquillement démêler les noeuds d’un acte aussi ancien.
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Et on prétend que les familles recomposées actuelles sont compliquées ! Un bel exercice de démêlage et de déchiffrage.
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Merci ! Je pensais aussi aux familles recomposées actuelles en démêlant ces parentés impossibles. La « modernité » devient toute relative soudain…
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