Toussaint LEMORT ou les enfants inconnus « vêtus très pauvrement » Fougeré, 2 novembre 1823

Jour 6 – Calendrier de l’Avent 2020

Sinistre nom pour cet enfant, né quelques jours après la Toussaint. Cette fois, c’est au petit matin que le bébé a été découvert… Espérons qu’il ne soit pas resté trop longtemps dehors…

Fougeré, 2 novembre 1823, neuf heures du matin, déclaration de naissance de Toussaint LEMORT.

Le deuxieme jour du mois de novambre l’an mil huit cent vingt trois sur les neuf du matin, par devant nous LAILLIER Pierre adjoint délégué faisant les fonctions d’officier public de l’état civil de la commune de Fougeré, arrondissement de Baugé, département de Maine et Loire, est comparu André GOUZÉ cultivateur en cette commune, m’a déclaré que ce matin à cinq heure il a ouvert sa porte et a trouvé un enfant du sexe masculin qui parraissait être âgé de un jour, il étoit enveloppé d’un mauvais orriller de toille bien usée et une mauvaise chemise et un bonnet, le tout peut de valeur, et une brassière de flanelle barrée, le sieur GOUZÉ a réuni les sieur Charles BOIGNÉ propriétaire âgé de cinquante ans, et Pierre LEMORT cultivateur âgé de trente huit ans, les deux voisins du dit GOUZÉ pour levé cette anfant dont il nous l’ont declaré anfant inconnu, et l’avons enregistré sous le noms et prenoms de Toussaint LEMORT, en presence des susdit ci dessus et l’avons confié au soinct de Perrine LANDELLE femme dudit GOUZÉ qui a bien voulu en prendre soin, après lecture ledit GOUZÉ et les deux témoins nous ont déclaré ne savoir signé.après lecture qui leur a été faite.

Nom sinistre et vêtements mauvais, quel triste départ dans la vie ! … Plusieurs autres enfants trouvés à Fougeré portent également de si pauvres vêtements que l’officier public juge inutile de les mentionner. En voici quelques uns trouvés sur les registres de Fougeré qui n’ont pas l’honneur d’avoir un trousseau détaillé…

François AVRIL, 1er avril 1828. Déclaré par la femme de Pierre LEMERT demeurant au Clos Doillet. « Trouvé à sa porte, vêtu très pauvrement« . Confié à la femme de Jean LANDELLE charpentier demeurant au bourg de Fougeré.

Victoire AUTREUX, 28 novembre 1828. Déclarée par Pierre LAILLER cordonnier. Trouvé « exposée ce jour vers cinq heures du matin à côté de sa porte », « vêtue très pauvrement« . Confiée à la fille FRESNEAU.

Anne PERRIERES, 26 juillet 1829. Déclarée par André GOUZÉ cultivateur. « Vers dix heures, on a frappé à sa porte, il s’est levé et il a trouvé à côté de sa porte un enfant, vêtu très pauvrement« . Confié à la femme d’Urbain BATAILLEAU, cultivateur demeurant aux Clos Doillet. Décédée le 7 août 1829.

Marie LABROSSE, 2 septembre 1829. Déclaré par François CARRÉ cultivateur. « Vers quatre heures du matin, on a frappé à sa porte, il a ouvert sa porte, il y a trouvé un enfant, vêtu très pauvrement« . Confié à la femme de François CARRÉ.

René HERRIERES, 19 septembre 1829. Déclaré par André GOUZÉ. « Vers neuf heures du soir, on a frappé à sa porte, il s’est levé et il a ouvert sa porte et il y a trouvé un enfant, vêtu très pauvrement« . Confié à Marie GOUZÉ fille cultivatrice demeurante aux Herrières ».

François BARILLERAIS, 6 octobre 1829. Déclaré par la veuve DARRONDEAU, cultivatrice. « Vers neuf heures du soir, on a frappé à sa porte, elle s’est levée, a ouvert sa porte, elle y a trouvé un enfant, vêtu très pauvrement« . Confié à la veuve Mathurin JUBEAU cultivatrice.

Antoine SOUCHETIERES, 17 janvier 1830. Déclaré par Louise PINOT femme de Pierre JAVARD cultivateur demeurant aux Souchetières. « A cinq heures du matin, elle entendit frapper à sa porte, elle s’est levée, a ouvert sa porte, elle a vu un enfant… vêtu très pauvrement« . Confié à la veuve LEMENCE cultivatrice au Barrillerais.

Parfois, on trouve une petite variante !

Théodore CLEMENT, 29 novembre 1829. Déclaré par Pierre LEMOINE journalier. « A six heures du matin en ouvrant sa porte, il a vu à côté de sa porte un ballot noir, et tout en approchant il a vu que c’était un enfant… vêtu de haillons« . Confié à la femme de Pierre LEMOINE.

Louise CROUTTIERES, 25 juillet 1830. Déclarée par Pierre COUDRAIS. « Vers dix heures du soir, on a frappé à sa porte, il s’est levé, a ouvert sa porte, il a aperçu à côté un ballot d’étoffe… un enfant vêtu de haillons« . Confié à la femme de Pierre COUDRAIS. Décédée le 24 mars 1831.

Et parfois, l’enfant est vêtu si misérablement que l’officier déclare que cela ne vaut même pas la peine d’en parler !

Bonaventure DUPUIS, 29 juillet 1827. Déclaré par la femme de Michel CHAUDET demeurant aux Barrillerais. « Trouvé exposé à côté de sa porte, vêtu très misérablement, c’est pourquoi nous ne parlons point des vêtements qu’il avait« . Confié à la femme CHAUDET des Barillerais.


Sources

Toussaint LEMORT – Naissance – AD49 – Fougeré – NMD – 1811-1823 – vue 350/356.

14 réflexions sur “Toussaint LEMORT ou les enfants inconnus « vêtus très pauvrement » Fougeré, 2 novembre 1823

  1. Lemort : C’est un nom bien sinistre, il est vrai.
    Mais, à l’époque, on écrivait souvent phonétiquement.
    Le nom ne serait-il pas en réalité Lemeur d’origine bretonne (comme souvent ceux commençant par le) qui signifie tout simplement legrand ? Source : blog « nom de familles »
    Félicitations pour vos recherches passionnantes.

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  2. L’orthographe de Pierre LAILLIER, l’officier public de Fougeré en ces années-là, étant très aléatoire et effectivement souvent phonétique, l’idée de « Lemeur » est intéressante en effet. Et le fait qu’il y ait des « LEMORT » parmi les déclarants m’a rassurée aussi : ce n’est pas un patronyme venu de nulle part et encore moins d’une mauvaise blague de l’officier…

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