D comme DROITS CURIAUX

Chacun doit être enterré dans sa paroisse. Si l’on meurt loin de chez soi, le défunt est porté, si cela est possible, dans sa paroisse d’origine afin que le curé procède à l’inhumation. La raison en est que les enterrements sont payants et qu’il est donc hors de question de priver un curé du revenu qu’il est censé toucher à la mort de son paroissien.

Louis BERGER fut porté de cette paroisse à Marcé pour y être enterré le 10e jour d’octobre qu’on disait 1613.

Si l’on veut être enterré ailleurs que dans sa paroisse, il faut demander la permission (= le congé) au curé. Ce dernier cède alors son « droit d’inhumer » au curé d’une autre paroisse. Ainsi en est-il, par exemple, de Jean BLANCHECOTTE et, quelques années plus tard, de sa veuve, Catherine RIGOT, qui veulent être enterrés au Couvent du Verger, annexe du prestigieux Château du Verger.

Jean BLANCHECOTTE demeurant à La Guignonnière, homme fort âgé, fut enterré au Couvent du Verger avec congé le jeudi douzième jour d’aout 1638.

Catherine RIGOT veuve feu Jean BLANCHECOTTE demeurant à La Guignonnière mourut le dimanche 7e jour d’avril 1647 et le lendemain lundi 8e jour dudit mois son corps fut enterré au Couvent du Verger par le congé de Monsieur le curé.

A l’inverse, certains paroissiens qui ne résident plus à Seiches, y reviennent pour leur dernière demeure, ainsi Honneur DUPRÉ qui est morte à Marcé est reconduite à Seiches pour y être enterrée.

Honneur DUPRÉ femme d’Alexandre BLANDEAU âgée d’environ 30 ans mourut à Marcé le mardi seizième jour d’octobre 1635 et le lendemain son corps fut apporté à l’Eglise de Seiches et conduit processionnellement par Monsieur le Curé dudit Marcé et les prêtres y habitués et par moi vicaire dudit Seiches soussigné et puis ledit corps enterré au petit cimetière devant la Chapelle.


L’enterrement de Jeanne NOUCHET

En l’an 1641, mon ancêtre Jeanne NOUCHET est également portée à Marcé.

Jeanne NOUCHET veuve de feu Jacques DOUBLET âgée de soixante deux ans ou environ, belle mère de René ARONDEAU, mourut au Pont Herbault le lundi dernier jour de décembre de l’an 1640 et le lendemain premier jour de l’an 1641 son corps fut porté à Marcé pour y être ensépulturé.

Comme à l’accoutumée, René GOURAND n’est pas avare en détails ! A l’opposé, voici ce que l’on peut lire sur les registres de Marcé.

Le premier jour de janvier 1641 a été ensépulturé le corps de défunte Jeanne NOUCHET vivante femme de défunt Jacques DOUBLET.


Plainte des curés de Seiches

Pour autant, les curés ne sont pas contents. Les paroissiens oublient de les payer ! Ils en réfèrent à l’évêque afin que leurs droits soient respectés.

Et sur la plainte à nous faicte par ledit sieur curé qu’il n’y a aucun ordre pour le payement des droits curiaux et que les paroissiens ignorent ou veullent ignorer de ce qui est deulx par chasque sépultures audit sieur curé, nous les avons, nostre vénérable promoteur sur ce préalablement ouy, réglés à la somme de soixante et quatre solz par chasque sépulture et au regard des mariages à la somme de trante et deux solz.

Faict le trantiesme jour d’aoust mil six cens quarante et quatre

Un promoteur était un écclesiastique qui était chargé dans les juridictions écclésiastiques de veiller au maintien des privilèges et de la discipline. La note est signée par le greffier de Monseigneur l’archiprêtre d’Angers, nommé BARDOUL.


Autres exemples de congés ou permissions…

Hélène SOURCILLER vivante femme de Pierre DU GRIP demeurant à Tartifume en la maison de Madame de La Gaulteraye, âgée de 54 ans ou environ, fut enterrée au cimetière de La Chapelle du Bourneuf en la paroisse de La Chapelle Saint Laud et par congé de moi vicaire de Seiches soussigné, en l’absence de Monsieur le Curé, le dixième jour de novembre 1638.

René RAVENEAU demeurant à La Dobinière à Corzé fut enterré au cimetière de Seiches par le congé de Mr le Curé dudit Corzé le jeudi 20e jour d’octobre 1639 par Messire Antoine RAVENEAU son fils prêtre demeurant en cette paroisse de Seiches.

Yves BERTRAN mari de Sébastienne ESTOURNEAU demeurant à Bréz mourut le dimanche 7e jour de mai 1645 et son corps enterré à Montreuil par congé de Monsieur le curé de Seiches.

Anne LEPAIGE femme de [blanc] POULAIN mourut le vendredi 7ème novembre 1631 et mourut sur les 6 heures du matin, et sa maladie ne dura que depuis les 6 heures du soir précédent, et fut enterré le samedi 8ème novembre en l’église de Seiches avec permission de Monsieur le vicaire de Corzé, âgée de 24 ou 25 ans.

Jacques LE COMMANDEUX l’ainé mourut la nuit d’entre le six et septième jour d’avril, savoir entre le vendredi saint et le samedi et décéda eu lieu du Haut Suet paroisse de Corzé et son corps fut enterré ledit jour de samedi 7e jour d’avril 1635 au cimetière de Seiches par Monsieur le Curé par permission de Monsieur le curé de Corzé, il était âgé d’environ 82 ou 3 ans.

Jacques RAVENEAU fils de feu René RAVENEAU âgé de 20 ans ou environ demeurant à La Dobinière, fut enterré à Seiches par permission du sieur Curé de Corzé le mercredi 26e jour d’octobre 1639.

18 réflexions sur “D comme DROITS CURIAUX

    1. Oui c’est aussi le cas pour les baptêmes ( et aussi pour les mariages, d’ailleurs) et les curés ont des prérogatives sur « leurs » nourrissons.
      Par exemple, notre vicaire explique très bien cela ici, dans l’acte de décès d’un bébé :
      « Adam LANDAIS fils d’Adam LANDAIS et de Michelle LE MANCEAU son épouse, âgé de cinq jours fut enterré le 19e jour de février 1643 et nota qu’il avait été baptisé en l’Eglise de La Chapelle Saint Laud par ce que lors de sa naissance il semblait être en péril de mort et le lieu de Chantelou, demeure desdits LANDAIS et MANCEAU, est plus proche de ladite Chapelle que de l’église de Seiches. Fait par moi vicaire dudit Seiches soussigné. »

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  1. Bonjour,
    Merci pour cet article très intéressant. L’inhumation était payante donc le curé ne tenait pas à se priver de ce revenu et son montant était sans doute plus élevé quand celle-ci avait lieu à l’intérieur de l’église. Cela explique, sans doute, le nombre important d’inhumations dans les églises de certaines paroisses.
    Un autre point a retenu mon attention : vous citez le lieu de la « Guignonnière » de Seiches. Il ne figure pas dans le dictionnaire historique de M. et L. mais on y trouve le lieu de la « Gaignonnière » où résidait n.h. Jean Dureau (1623-1703) capitaine de cavalerie, anobli par Louis XIV. Or la Gaignonnière ne se situe pas à Seiches mais à Mûrs (Mûrs-Erigné de nos jours). Les auteurs du dictionnaire (1ère et 2e éditions) ont confondu Guignonnière et Gaignonnière. Je trouve enfin l’explication de ce qui me posait question depuis longtemps.
    Cordialement.

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    1. Merci pour votre commentaire.
      Je pensais plutôt à La Gigonnière, située au Nord de Mathefelon et de Gentillé, sur la carte de Cassini.
      Il faudrait relever toutes les occurrences du toponyme et vérifier la graphie du terme : il y a beaucoup beaucoup de variantes et j’ai simplifié…

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