I comme INHUMATIONS PARTICULIERES

Pour clore une vie particulière, rien de tel qu’une sépulture particulière ; aussi les nobles, les ecclésiastiques et tous ceux qui sont suffisamment influents et riches pour s’offrir une sépulture de « luxe », sont-ils enterrés dans des lieux particuliers, des lieux qui sortent de l’ordinaire, en bref, des lieux extraordinaires.

En temps de peste…

Même en temps de peste, les sépultures peuvent être particulières. Ainsi Françoise LEPAIGE, femme de Jacques MORIER, mourut de maladie contagieuse le 20 août 1626 alors qu’elle se trouvait en la maison de La Parerie ; elle fut enterrée près du pilier du grand cimetière qui porte la Croix orée. Dix jours plus tard, Denis DURAND, prêtre vicaire de Seiches, succombait à son tour à la maladie. Il est enterré quelques heures seulement après son décès, également près de la Croix orée, mais du côté gauche. C’est Denis CORBEAU en personne, curé de Seiches, qui officie. Il est assisté de deux prêtres revêtus de leurs surplis et, en l’honneur du vicaire, on allume deux torches et une croix reste levée pendant toute la durée de l’office.

En l’église de Seiches…

Certains sont inhumés dans l’Eglise paroissiale ; c’est le cas, par exemple de Nicolas MAUGIN, Sieur du Mortier, Urbain CORVAISIER, Sieur de La Rochelière, chirurgien, Catherine BABINEAU, Dame de La Clavière, Jean MARQUET, Sieur de La Perrière, François GEORGET, Sieur de La Mauricière, Catherine PETRINEAU, fille de René PETRINEAU, Sieur de la Picaudière et encore bien d’autres…

Nicolas MAUGIN fils de Henry MAUGIN et de Suzanne BOURDAYS son espouse, aagé d’un moys ou environ fut enterré dans l’Eglise de Seiches le jour de Pasques septieme jour d’Apvril l’an mil six cent vingt et quatre par moy René GOURAND prestre vicaire soubzsigné.

A l’intérieur de l’Église même, certains lieux sont spécifiques, on les réserve aux ecclésiastiques ou à certaines familles… (qui ont payé, ou payent encore, un droit d’inhumer, ou encore, qui ont laissé une fondation, parfois perpétuelle !).

L’Autel Saint Jean

Messire François BROSSART, prêtre de Seiches, est enterré auprès de l’Autel Saint Jean, au cêté gauche, sous le Crucifix, tandis que Catherine PIAU, femme de Messire Jean PINARD, est quant à elle, enterrée au bout de cet Autel Saint Jean.

L’Autel Saint Etienne

Messire Denis CORBEAU, curé de Seiches, est enterré dans le choeur de l’Autel Saint Etienne au côté droit.

L’Autel Saint Gilles

Messire François GEORGET, Sieur de La Mauricière, avocat au siège présidial d’Angers, est inhumé dans l’Autel de Saint Gilles, au côté de l’Evangile.

L’Autel Saint Julien

L’Autel Saint Julien accueille Gilles ARONDEAU, prêtre fermier de Seiches ; il est inhumé sous la tombe qui se trouve devant cet autel. Il y est rejoint par Catherine PETRINEAU qui est inhumée « proche » cet autel.

L’Autel de Notre Dame de Piété

Il existe également un autel dédié à Notre Dame de Piété, on y enterre Pierre GIRARD, prêtre chapelain de Saint Jacques de Chalon, au côté de l’Espitre, tandis que Gabrielle de MARSEILLE est inhumée devant cet autel, là où se trouve l’image de Notre Dame de Piété. Cet autel contient également une tombe sous laquelle est enterrée Madelaine PROUST, femme de Pierre HODEMON, dont la mort est mystérieuse car on ignore si elle est due ou non à la contagion…

Missire Pierre GIRARD prestre chapelain de Saint Jacques de Chalou en la paroisse de Montigé, deceda estant aagé de soixante et dix ans ou environ le lundy cinquiesme jour de decembre en l’an mil six cent vingt et deux environ les neuf heures du soir et la sépulture de son corps fut faite le lendemain mardy jour et feste de Sainct Nicolas sur les trois heures du soir, par moy curé soussigné ; son dit corps estant enterré en l’Eglise de Seiches, joignant l’autel de Nostre Dame de Piété, du costé de l’epistre.

Denys Corbeau.

C’est encore près de l’Autel Notre Dame, ou devant, que seront enterrés Catherine BABINEAU et Mathurin GIRARD.

Le Grand Autel

Soeur Ambroise de La CROSSONNIERE, prieure de Seiches, a l’honneur d’être inhumée au côté droit du grand Maître d’Autel. Mon ancêtre Pierre COCU, marchand tanneur, aura lui aussi le droit d’être enterré près du Grand Autel, mais de l’autre côté de sa muraille, du côté du petit cimetière, et non dans l’église !

Pierre COCU marchant taneur, demeurant à Matefelon, deceda le dimanche 14e jour de janvier l’an mil six centz vingt et quatre. Il fut enterré le lundy lendemain au petit cimetière prez la muraille du grand autel, par moy curé soubzsigné. Ledict Pierre COCU estoit aagé de quarente cinq ou quarente six ans ou environ.

Denys Corbeau.

La Chapelle de Notre Dame de Piété

Outre l’Eglise de Seiches, il existait aussi quelques chapelles. Ainsi, c’est dans la Chapelle de Notre Dame de Piété qu’est inhumé Louis de RONSARD (quel nom fabuleux !). Les informations concernant son enterrement sont extrêmement précises : il est enterré dans la Chapelle de Notre Dame de Piété, vis-à-vis du portrait de feu Jean GUIGNONNEAU (ancien chapelain de cette chapelle), entre la tombe et le pilier du clocher.

Sépulture de Louis de Ronsard, sieur des Bruslis, 10 novembre 1644 – AD49

La Chapelle de Notre Dame de Bonnes Nouvelles

D’autres inhumations particulières ont lieu dans la Chapelle de Notre Dame de Bonnes Nouvelles qui est édifiée à Mathefelon :

Renée CORMIER de la paroisse de Tanie en l’Evéché du Mans, âgée de cinquante ans ou environ, femme de Georges BRIANTÉ aussi natif de la susdite paroisse et demeurants en cette paroisse de Seiches depuis trois ans, a été enterrée en l’enclos de l’entrée de la Chapelle de Notre Dame de Bonnes Nouvelles, à Matefelon, le vingt et sixième jour de juin l’an mil six cent vingt et quatre.

Le Couvent du Verger

Enfin, un très grand nombre de sépultures ont lieu au Château du Verger ou, du moins, dans l’enclos de son couvent. C’est le cas pour Jacques FEILLÉ :

Jacques FEILLÉ  demeurant au Jeu de Paulme au Verger, mourut le mardi 27ème jour de mai 1631 sur les 3 heures du soir et le lendemain son corps fut porté aux Religieux du Couvent dudit Verger pour lui donner la sépulture.

Et pour sa veuve, Marthe CHASTILLON, qui, prudente, avait fait un testament…

Le seizième jour de mai l’an mil six cent quarante-quatre, Monsieur le Prieur du Couvent du Verger nous a envoyé prier par Gilles HUBERT maître tailleur d’habits, paroissien de Seiches, de lui permettre de lever le corps de défunte Marthe CHASTILLON veuve de feu Jacques FEUILLÉ son dernier mari et de faire la sépulture en l’église du Couvent du Verger suivant son testament. Ce que nous curé soussigné lui avons octroyé et prié de lever le corps de ladite défunte par lui ou par Messieurs les religieux, et pour ce que ledit Gilles HUBERT a été envoyé pour nous en faire la demande, attendu que ladite défunte était notre paroissienne, ledit HUBERT a signé ce présent acte pour servir à la conservation des droits de Notre Eglise de Seiches.


Les églises devaient donc vraiment être des lieux extraordinaires : aucun petit détail n’était laissé au hasard, chaque ornement rappelait à quiconque le souvenir de quelque événement ou de quelque personnage. On comprend mieux comment les églises se sont retrouvées « pleines » de mort et pourquoi les enterrements ont fini par y être interdits, principalement pour des raisons de salubrité.

2 réflexions sur “I comme INHUMATIONS PARTICULIERES

  1. « – des lieux qui sortent de l’ordinaire, en bref, des lieux extraordinaires » et : »-Pour clore une vie particulière, rien de tel qu’une sépulture particulière » dites-vous …VOICI donc ma contribution : un « petit cadeau » pour vous à ce propos. Sur mon arbre Généanet, (fballain), ne manquez pas de cliquer sur TOUTES les photos que j’ai ajoutées sur la fiche de Mathieu Cointerel (son nom en Anjou) , alias Matteo Contarelli (à Rome). Et vous découvrirez…une sacrée belle tombe…d’un modeste angevin. Je descends de son père, un forgeron ! Tous les français cultivés se donnent rendez-vous devant ou dans cette église, à Rome. Vous ne manquerez pas d’y aller voir et vous saurez que là, repose un angevin !

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