Un prénom rare et mystérieux

Le dimanche 19 mars 1758, Louis Fidèle COQUEREAU est baptisé dans l’église d’Ecouflant. Il est le second fils de Pierre COQUEREAU et de Renée GILET. Son frère aîné, Pierre Fidèle COQUEREAU, avait déjà reçu ce prénom lors de son baptême en 1755. Ce choix n’est sans doute pas anodin : le prénom Fidèle, bien que peu courant à l’époque, semble avoir une signification particulière pour cette famille. Mais d’où vient-il ? Pourquoi ce prénom apparaît-il soudainement dans cette région et dans cette famille ?

Une tradition locale ou familiale ?

Souvent, les prénoms inhabituels trouvent leur origine dans une particularité locale, comme le saint patron de l’église ou une figure marquante de la communauté. Cependant, dans le cas de Fidèle, rien de tel ne semble expliquer son apparition. Aucun saint Fidèle n’est particulièrement vénéré dans la paroisse d’Ecouflant ni dans les environs, et aucun personnage important de la région ne porte ce prénom. Pourtant, les registres paroissiaux révèlent que plusieurs enfants de la même famille élargie ont reçu ce prénom au milieu du XVIIIe siècle.

En effet, entre 1751 et 1759, on retrouve plusieurs baptêmes d’enfants portant le prénom Fidèle, tous liés par des liens familiaux étroits.

• Mathurin Fidèle CHESNEAU. Baptisé le 21 janvier 1751, fils de Jacques CHESNEAU laboureur et de Marie GILLET sa femme, parrain Mathurin GILLET, marraine Marie CHESNEAU sœur de l’enfant.
• Simon Fidèle JUBEAU. Baptisé le 20 avril 1755, fils de Michel JUBEAU et de Jacquine DIBON, son parrain est Jean AUBRY et sa marraine Jacquine PLATEAU, veuve de Symphorien DIBON.
• Jean Fidèle FOURIER. Baptisé le 13 février 1759, fils de Jean FOURIER et de Perrine HUET, parrain François HUET, marraine Jeanne HERBELOT.
• René Fidèle HUET. Baptisé le 14 mai 1758, fils de René HUET et de Marie GILLET, parrain Jean FOURIER, marraine Perrine GILLET tous demeurants Ecouflant.
• Jean Fidèle OUDET. Baptisé le 9 décembre 1755, à Saint-Sylvain-d’Anjou, fils de François OUDET et de Marie HUET, parrain Jean FOURIER et marraine Perrine HUET, oncle et tante de l’enfant.
• Fidèle DROUIN. Baptisé le 8 octobre 1758, à Saint-Sylvain-d’Anjou, baptême de Fidèle DROUIN, fils de Jacques DROUIN et de Charlotte FERION, parrain René HUET, marraine Charlotte FERION, femme de René GRAFFARD de la paroisse de Foudon.

Tous ces enfants sont des cousins germains ou des proches parents de Louis Fidèle COQUEREAU.

Saint Fidèle de Sigmaringen

La clé de cette énigme réside peut-être dans la figure de Saint Fidèle de Sigmaringen, un saint récemment canonisé à l’époque. Né en 1577 en Allemagne, Fidèle de Sigmaringen était un homme de loi et un avocat avant de se convertir à la vie religieuse. Devenu prêtre capucin, il se distingua par son éloquence et son dévouement à la prédication. Il fut assassiné en 1622 par des protestants alors qu’il œuvrait pour la reconversion des populations au catholicisme. Considéré comme un martyr, il fut canonisé par le pape Benoît XIV le 29 juin 1746, soit seulement douze ans avant le baptême de Louis Fidèle COQUEREAU.

La canonisation de Saint Fidèle a probablement suscité un regain de dévotion dans certaines régions catholiques. Pourquoi à Ecouflant ? Mystère ! Mais il est possible que la famille de Louis Fidèle et ses proches aient été influencés par cette figure récemment élevée au rang de saint. Le prénom Fidèle, porté par Louis Fidèle COQUEREAU et ses proches au milieu du XVIIIe siècle, trouve donc probablement son origine dans la dévotion à Saint Fidèle de Sigmaringen, ce saint récemment canonisé à l’époque.