M comme Joseph MARTINEAU (1895-1915)- Poilu de Melay (49)

A la Mémoire de Joseph MARTINEAU

Grâce à la communauté des généablogueurs, en particulier suite à mon inscription sur Twitter, j’ai découvert  – assez récemment -l’indexation collaborative sur le site Mémoire des Hommes.

J’ai commencé alors à m’intéresser à la guerre de 14-18, période que j’avais totalement oubliée tandis que je naviguais dans les eaux sombres et lointaines du 17è siècle, voire du 16è siècle…(Mais ô combien délicieuses, mystérieuses et passionnantes !)

Je me suis donc inscrite sur le site pour participer à l’indexation collaborative, (c’est très simple et très facile), et j’ai commencé par « Mon » poilu, c’est-à-dire Joseph MARTINEAU, le frère de ma grand-mère, Mort pour la France à Neuville-Saint-Vaast, le 9 juin 1915. Il n’avait pas encore 20 ans et ma grand-mère tout juste 10.

Joseph Louis MARTINEAU

(1895-1915)

Il est né le 5 octobre 1895. Ses parents, Auguste MARTINEAU et Marie Joséphine PITON, sont cultivateurs à Melay à la Bottière. C’est leur deuxième enfant.

Melay- Cassini -La Bottière-flèche

 Voici le début de son acte de naissance :

« L’An mil huit cent quatre vingt-quinze, le six octobre à cinq heures du soir ; devant nous Pierre GASCHET, Maire et Officier de l’Etat civil de la commune de Melay,  Canton de Chemillé, arrondissement de Cholet, département du Maine et Loire et à la Mairie de cette commune, est comparu : le sieur Auguste MARTINEAU, âgé de trente et un ans, cultivateur domicilié à la Bottière en cette commune, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né hier au soir à onze heures en son dit domicile de son légitime mariage avec Marie Joséphine PITON, âgée de vingt neuf ans, cultivatrice, domiciliée avec son mari, auquel enfant il a déclaré donner les prénoms de Joseph Louis Marie. »

Né en 1895, il est donc de la classe 1915. Sa carrière militaire est donc très courte, comme nous le montre sa fiche matricule conservée aux  Archives Départementales du Maine-et-Loire qui nous apprend par ailleurs, qu’il avait les cheveux châtains, les yeux bleus, le front découvert, le nez rectiligne et le visage ovale, qu’il mesurait  1 m 65 et que son degré d’instruction était de 2.  Il savait donc lire et écrire, mais n’avait sans doute pas été longtemps à l’école.

Pour information voici la signification des chiffres des degrés d’instruction notés sur les fiches matricules :

-0 –  Ne sait ni lire, ni écrire.

-1 – Sait uniquement lire

-2 –  Sait lire et écrire.

-3 – Possède un niveau primaire plus développé, en particulier sait compter.

-4  –  A obtenu un brevet de l’enseignement primaire.

-5 – Bachelier, licencié… Le diplôme est alors généralement mentionné.

-X – Renseignement non fourni, instruction non vérifiée.

MARTINEAU Joseph Louis Marie - Fiche Matricule - AD49
AD49 – Fiche matricule de MARTINEAU Joseph Louis Marie


Joseph n’aurait dû être appelé sous les drapeaux qu’en octobre 1615, mais pour éviter la pénurie des hommes, l’appel de la classe 1915 est anticipée de 11 mois et c’est le 17 décembre 1914 qu’il est incorporé au 125è régiment d’infanterie. (Voir à ce sujet Le parcours du combattant de la guerre 1914-1918  et en particulier « La Mobilisation des classes 1911-1919 ».)

Sa fiche ne mentionne rien d’autre si ce n’est son décès :

« Tué à l’ennemi le 9 juin 1915 au combat de Neuville-Saint-Vaast »

et un récapitulatif de sa (courte !) campagne :

« En guerre contre l’Allemagne du 17 décembre 1914 au 9 juin 1915 ».

Le 125è régiment d’infanterie et les combats de Neuville-Saint-Vaast.

Nous retrouvons les mêmes informations sur la fiche conservée par le site Mémoire des Hommes. Neuville-Saint-Vaast se trouve dans le département du Pas-de-Calais (62).

MARTINEAU Joseph Louis Marie - S - 9-06-1915 - Neuville-St-Vaast

Le 9 juin 1915 le 125è régiment d’infanterie est à Neuville-Saint-Vaast depuis quelques jours. Voici ce qui est écrit ce jour-là dans le journal des marches et opérations de troupe (JMO – consultable sur Mémoire des Hommes) :

« La nuit a été calme, dans la matinée bombardement allemand ordinaire. Ordre d’attaquer de nouveau le chemin creux des Carrières vers 13 h ; le lieutenant Colonel du 125 reprend la direction de ses bataillons pour l’attaque.

13h – le 1er Bataillon attaque en 3 vagues successives, couvert sur sa gauche par la 5ème Compagnie contre une attaque pouvant venir des 5 chemins ; 2 sections de mitrailleurs appuient l’attaque, l’une à la 1ère ligne vers Neuville, l’autre sur le chemin des Pylônes. Liaison à droite avec l’avance du 36è dans Neuville St Vaast. La préparation par l’artillerie de campagne et l’artillerie lourde est favorisée par un très beau temps, elle favorise l’avance à l’abri d’une poussière intense, du 1er  Bataillon et de la 5ème Compagnie qui arrivés à la crête du dos d’âne reçoivent des coups de fusils et de mitrailleuses qui indiquent que les allemands sont sur leurs gardes. A quelques pas du chemin des Carrières, les Compagnies bondissent dans le chemin et sur la barricade sur laquelle se rabat la 5ème Compagnie, pour la prendre à revers. Les allemands débordés résistent et laissent 80 à 100 cadavres (Prussiens). Le 1er Bataillon franchit le chemin des Carrières et dépasse la tranchée de Neuville que les allemands ont renoncé à tenir, il atteint les haies qui sont un peu en avant et au Nord de la corne L. La 6ème Compagnie relie le chemin des Carrières à la parallèle de départ, sur tout le front on organise le terrain conquis. Les 7 et 8è Compagnies se sont portées en avant.

14h20 – Tir violent des 105 allemands venant de la Folie, sur le chemin Souchez-Neuville, à hauteur de la barricade française.

L’organisation du chemin des Carrières était très forte, le 8, le 1er Bataillon sous les ordres du Colonel du 36è s’y était heurté avec des pertes sensibles et n’avait pu s’en emparer, le 9, l’ennemi é été si vivement bousculé et détruit qu’il n’a pu nous infliger des pertes aussi élevées qu’on aurait pu le craindre, elles sont pour la journée de 4 officiers blessés : le lieutenant Genet, les sous-lieutenants Roy, Neuville et Roux. 37 hommes tués, 191 blessés et 31 disparus.

Les positions conquises sont solidement maintenues malgré un feu violent de l’artillerie allemande. »

Suit alors un plan des alentours de Neuville-Saint-Vaast qui situe les principaux lieux et chemins cités ci-dessus :

Plan des combats autour de Neuville Saint Vaast le 9 juin 1915

Cette citation est peut-être un peu longue mais je n’ai pu m’empêcher de la recopier entièrement tout en imaginant le soldat Joseph MARTINEAU vivant sa dernière journée, sous le soleil, au milieu de combats brefs mais intenses et, malgré ce qu’en dit le chroniqueur, particulièrement meurtriers. Et je l’imagine, tel le soldat évoqué par Arthur Rimbaud dans les derniers vers du Dormeur du Val :

« Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. »

Et maintenant…

 Il ne me reste plus qu’à trouver le lieu de son inhumation… A suivre…


Notes, Sources et Liens

Fiche indexée sur Mémoire des Hommes de Joseph MARTINEAU Mort pour la France le 9 juin 1915 à Neuville-Saint-Vaast.

13 réflexions sur “M comme Joseph MARTINEAU (1895-1915)- Poilu de Melay (49)

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