Une page de registre mystérieuse à Trémentines (1649-1650)

Dans l’un des manuscrits numérisés par les archives départementales du Maine-et-Loire de la paroisse de Trémentines, se trouve une  bien curieuse double page sur laquelle sont portés quelques noms de paroissiens précédés d’une date. Je n’ai pour l’instant aucune idée de la raison pour laquelle ces noms ont été ainsi consignés par le curé, à moins qu’il ne s’agisse de confirmations… (Mais il me semblait que pour une telle cérémonie, l’évêque se devait d’être présent.) ou peut-être simplement de confessions… ?

Les dates concernent les années 1649 et 1650 et sont toujours celles de dimanches. Les personnes citées sont toujours des adultes et l’on rencontre quelques demoiselles et quelques couples.

Le lieu où réside chaque personne est indiqué et la quasi totalité d’entre elles sont originaires de Trémentines, hormis quelques paroissiens de Vezins et de Nuaillé, paroisses voisines.

Voici la transcription complète de ce folio recto-verso (Vues 83 droite et 84 gauche dans le manuscrit de Trémentines (BMS 1607-1672 – vue 83/195) et peut-être saurez-vous m’indiquer quelle est la raison de leur inscription sur cette page ?


Début de la page « mystérieuse » (Trémentines – BMS – 1607-1672, vue 83/195)

[vue 83]

1649

Aoust

Du dimanche quinziesme d’aoust mil six cent quarente et neuf feste de l’assomption de Nostre dame.

François COCHARD [1] de la Boussardière

Marie LOYSEAU [2] de la Roche Verdon

Septambre 1649

Du dimanche cinquiesme de septembre mil six cent quarente neuf

Jacquine GUERIN [3] demeurant à la Gelinière

Du huictiesme septembre, jour de mercredy, feste de la Nativité de Nostre Dame, feste d’Angevine

Damoiselle Marguerite FRELAN ( ?) demeurant à la Verrerie de Vezins

Damoiselle Marguerite HERPIN demeurant à la Verrerie de Vezins

Damoiselle Marguerite POUPAILLER demeurant à La Verrerie

Philippe BARANGER demeurant à la Grande Goubaudière

Claude BARBE marchand poissonnier demeurant en ce bourg

Octobre 1649

Du dimanche troisième jour d’octobre mil six cent quarante et neuf

Jacquine BOUSSION [4] de ce bourg

René GARDAYS de ce bourg

Louys ROUDHIAU demeurant au Perchambault

Michel DEBILLOT demeurant à la Lande

Michel BOUSSION demeurant à la Hongotière

[vue 84]

1649 / 1650

Du premier dimanche 7 de novembre mil six cent quarente et neuf

Jacques SEVERIN et Jeanne BOURIGAULT son espouse demeurant à la Galinière

René MICHEAU demeurant à la Grande Musse

Jacques ROUSSEAU demeurant à Landebry

Louyse HUMEAU demeurant à la Malnoyère

Perrine AUNILLON demeurant à Landebry

Jeanne DAVY demeurant à Landebry

1650

Premier dimanche du moys de l’année mil six cent cinquente janvier

Janvier 1650

Michelle CHAILLOU de ce bourg

Mathurin BAULDRY demeurant à la Petite Goubaudière

Andrée MARTINEAU demeurant à la Grande Vernière

Du premier dimanche sixiesme jour du moys de febvrier mil six cent cinquante

François REVELLIERE de la Petite Vernière

Jacques BLOUIN de la Frouardière

Louyse MARTIN des Frejollières

Jean CHOUSTEAU de la Chevalerie et Renée DEBILLOT son espouse [5]

Louyse BOUSSION de Nuaillé

Jacques BOUSSIER du Moulin du Pont

Pierre GALLICHER et Evurcine MUSSAULT sa femme de la Maison Neufve


Quelques notes sur les noms cités

[1] Il s’agit de mon ancêtre François COCHARD, époux de Renée SUPIOT puis de Simone GEINDREAU, laboureur à La Boussardière, paroisse de Trémentines, où il naquit le 23 juillet 1609, de Mathieu COCHARD et de Evurcine GALLICHET.

[2] Parente de mes ancêtres Pierre LOISON et Mathurine CHOUSTEAU de la Roche Verdon, sans doute leur fille.

[3] Fille de Jacques GUERIN et de Jeanne BOURIGAULT de la paroisse de Trémentines et future épouse de Macé PLESSIS, notaire.

[4] Peut-être épouse de François PIED.

[5] Jean CHOUSTEAU et Renée DEBILLOT sont mes ancêtres, futurs parents de Jeanne CHOUSTEAU, baptisée vers 1653, elle-même future épouse de Jean LOISEAU. J’apprends ainsi qu’ils se sont mariés avant le 6 février 1650 et qu’ils demeuraient à la Chevalerie.


35 réflexions sur “Une page de registre mystérieuse à Trémentines (1649-1650)

  1. Pourrait-il s’agir de l’enregistrement des confessions, comme tu le proposes ? Peut-être ? Et/ou des communions ? A une époque (je ne connais pas les dates), la communion du dimanche était rare et, parfois, seulement le jour de Pâques (mais c’est sur ton site que j’ai lu cela ?), et liée à une confession préalable. Énigme bien difficile à résoudre…
    Le sacrement de confirmation était donné par l’évêque, auprès des jeunes ados (11-14ans), avec une cérémonie qui regroupait 4 ou 5 paroisses.

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  2. J’ai cru, trop simplement, que mon ancêtre Andrée Martineau, épouse de François Jean Supiot, et demeurant à la Grande Vernière, était décédée cette année 1650. Le curé a pu dresser la liste des morts de 1649 et 1650, des enterrements voire des extrêmes onctions et des messes en souvenir des défunts pour lesquelles il a été payé. Ce qui est plus perturbant et je ne l’avais pas remarqué, ce sont les couples qu’il a cités. J’avoue être intriguée et si quelqu’un peut donner la clé de l’énigme…

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    1. Non, ce ne sont pas des noms de personnes décédées puisqu’elles vivent encore très longtemps après ces deux années.
      Malheureusement, les registres de Trémentines sont lacunaires entre 1624 et 1664, il ne reste que ces deux pages, qui ne sont pas des actes à proprement parler.
      A Nuaillé et à Vezins, paroisses voisines, pas de registres non plus avant 1668…
      J’ai cherché si Célestin Port avait parlé de ce ces deux pages : rien pous l’instant !

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      1. Peut-être l’offrande de « Pain béni » ?
        Dans des petits villages d’Ille-et-Vilaine où enfant, dans les années 60, j’ai eu l’occasion d’aller à la messe avec mes parents le dimanche, cette coutume à longtemps persisté. Elle consistait en une offrande de miches de pain rondes. Le prêtre les bénissait au moment de l’offertoire je crois et les personnes les emportaient chez elles après la messe pour les partager lors du repas.
        On disait « être de pain béni » . Je pense que l’offrande se faisait sous forme d’une petite somme remise au prêtre.

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  3. Pour résumer :
    – Ce ne sont pas des personnes décédées ni malades. Certaines – dont quelques uns sont mes ancêtres – vont vivre encore très longtemps.
    – Ce ne sont pas des confirmations. ( Celles-ci se déroulent généralement sur une seule journée, avec la présence de l’évêque, et s’adressent surtout à des jeunes, parfois à des fratries entières et àseulement quelquefois à leurs parents).
    – Je ne crois pas que cela soient des demandes de messes pour des défunts. Le nom de ces derniers serait mentionné, or il n’y a rien de tel. J’ai vu de nombreuses demandes de messes ou de prières, elles ne sont pas du tout présentées ainsi.
    – L’idée des confessions ou mêmes des communions est très séduisante et paraît plausible. A creuser…

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    1. Merci pour cette proposition. J’y ai songé mais Trémentines ne pourrait avoir connu autant de protestants sans que cela apparaisse ailleurs, ce qui n’est pas le cas. D’autre part, j’ai pu identifier certains de ces noms et les retrouver cités dans des actes catholiques datés d’avant ce registre…

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  4. Dans « Contexte – un guide chrono-thématique », on peut y lire :
    – 1646 : début de la dovtion au Sacré-coeur de Jésus et Marie
    – 1647 : un arrêt du Parlement menace les plasphémateurs du percement de la langue et de l’amputatiopn des lèvres
    – 1649 : les Carmélites disposent d’une soixantaine de couvents et les Visitandines de plus de 100 maisons pieuses
    – 1651 : la messe obligatoire exige désormais la participation collective de tout le peuple des fidèles.
    On peut se rendre compte de l’augmentations de l’intensité de la religion.
    En ce qui concerne cette liste on constate :
    – qu’elle concerne, apparement, uniquement des personnes majeurs.
    – que la date qui est indiquée est une date de début : « Du … » et non une date précise.

    Dans les Ardennes j’ai une de mes aïeules qui a eu une amende pour ne pas avoir assisté à la messe du dimanche (elle était partie chercher un tonneau de vin pour son mari). Dans la liste des amendes il est précisé pour chacun ce qui lui est reproché. Le curé officiant, pouvait bien voir qui était absent, mais il n’en connaissait pas la raison. D’où l’idée d’un comité de surveillance.

    Ma conclusion est que les personnes citées, étaient des gens très honorables et qui faisait partie au départ d’une charge pour la paroisse et qu’ensuite ils surveillaient l’absentéisme de certains paroissiens.

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    1. Très intéressant ! Merci pour ces remarques qui me donnent des idées…
      Il pourrait effectivement s’agir d’une sorte de liste de surveillance pour les messes. Les paroissiens seraient alors nommés pour environ un mois puisque les dates inscrites sont toujours celle du premier dimanche du mois sauf au début (fête de l’Assomption, et mercredi 3 septembre, fête de l’Angevine).
      Cependant le nombre de personnes citées varient :
      – Dimanche 15 août 1649 – 2 personnes
      – Mercredi 5 septembre 1649 – 1 seule personne
      – Mercredi 8 septembre 1649 – 5 personnes
      – Dimanche 3 octobre 1649 – 5 personnes
      -Dimanche 7 novembre 1649 – 7 personnes (dont 1 couple)
      -Dimanche 1er janvier 1650 – 3 personnes
      -Dimanche 6 février 1650 – 9 personnes ( dont 2 couples)
      On remarque aussi que personne n’est notée pour le mois de décembre (temps de l’Avent et de Noël).
      Ce qui me chiffonne également pour envisager une telle responsabilité, c’est le nombre aléatoire d’hommes et de femmes (et même, il faut bien le dire, la présence de femmes !)
      Pour la même raison, mais à l’inverse, trop d’hommes sont cités (en particulier en octobre 1649, 4 hommes pour une femme), pour envisager une liste « entretien de l’église ».

      Je ne pense pas qu’il s’agisse non plus de la liste des absents à chaque messe ( on aurait alors tous les dimanches).

      Reste à savoir si il n’y avait pas un rite particulier les premiers dimanches de chaque mois et les jours de fête ?

      Et encore merci pour toutes ces pistes.

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  5. Avez vous pensé à une confrérie, où les membres seraient intronisés solennellement le premier dimanche du mois.
    Dans ma paroisse existait une confrérie du st Rosaire de 1620, ou la liste des membres ressemble à votre liste, mais il s’agit d’un petit livret indépendant , pas d’un registre paroissial

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  6. Bonjour, avez-vous pensé à des abjurations ? Aux personnes qui, plus ou moins contraintes, rejoignent l’Eglise Catholique ? Car les deux années où vous trouvez ces mystérieuses listes d’adultes se trouvent dans la période entre l’assassinat d’Henri IV (qui était garant de l’application de l’Edit de Nantes « laissant vivre » les protestants) et la révocation de cet Edit (1685). Si je ne m’abuse, c’est juste après le règne de Louis XIII (élevé par une catholique convaincue… et Richelieu !). Cette période est caractérisée par une opposition grandissante aux dispositions favorables aux protestants : pressions, surtaxes… Les proches du roi mènent la « guerre des procédures », en gros, tout ce que ne prévoit pas expressément l’Edit de Nantes est pour eux interdit. Bien des réformés cédèrent, ne serait-ce que pour garder leurs biens ou en jouir tranquillement…
    Avez-vous un moyen de vérifier si ces personnes avaient été baptisées à l’église catholique ?
    J’habite en sud-Deux-Sèvres et la piste, quand on ne retrouve pas un ancêtre dans les registres catholiques, c’est de chercher du côté des protestants… En Anjou, ne pas voir hier avec nos yeux d’aujourd’hui : la Réforme avait gagné beaucoup de personnes dans tout l’ouest de la France.
    Bonnes recherches !
    Jocelyne
    – Si vous le trouvez, essayez de lire le livre de Nicole Vray qui doit s’appeler « Protestants de l’ouest ». Vous serez surpris de voir le nombre de paroisses où le catholicisme n’était plus la religion majoritaire…

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  7. Bonsoir,
    Merci pour ce commentaire.
    Le premier nom cité, François COCHARD, mon ancêtre direct, fut baptisé le 23 juillet 1609 et je possède son acte de baptême ; il ne peut donc pas s’agir d’abjurations mais je vous remercie pour vos propositions de lectures que je retiens précieusement car j’ai d’autres ancêtres qui pourraient être concernés – en particulier à Soucelles.
    Bonne soirée

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  8. Bonjour,

    J’avais aussi pensé à des abjurations de la part de protestants, ayant eu le cas pour des ancêtres de IS SUR TILLE en COTE D OR, mais à priori, cela ne semble pas être le cas. Il y avait dans ces listes des mineurs venus abjurer avec leurs parents, mais c’était en 1685 ( juste après la révocation nde l’Edit de NANTES).

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    1. Bonsoir,
      Merci pour votre commentaire.
      Je penche de plus en plus pour des communions.
      En effet communier autrefois n’était pas du tout une évidence et on communiait très rarement, d’où l’obligation de communier avant Pâques.
      « Dieu ton Sauveur tu recevras au moins à Pâques dignement. » (Concile de Latran, 1215)
      Donc peut-être le prêtre notait-il ceux qui avaient communié pour ne pas qu’ils communient deux fois ?
      La seule autre communion « obligatoire » était celle d’avant le jour de Noël.
      J’ai trouvé, sur Gallica, que la communion était souvent mensuelle, mais c’était au 19ème siècle…
      Je poursuis mes recherches…

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      1. Bonjour. J’ai retrouvé un exemple sur les actes départementaux de BOUGON (79) en 1664/1792 pages 94/335 et un exemple plus précis page 104/105 de la même sélection 1664/1792…Pour l’instant, je n’ai pas retrouvé les listes précisant les noms et âges…etc Bonne continuation.

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  9. Bonjour,

    Nous sommes au moment de la Réforme catholique ou Contre-Réforme.
    Existe-t-il mention d’une confrérie (Saint-Sacrement ou autre) ?
    Si ces indications sont concentrées sur une période courte, il s’agit de nouveaux confrères.
    Ces listes existent dans les BMS en Basse-Bretagne, Meuse, …

    Cordialement

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  10. Bonjour,
    Pourrait-il s’agir de noms de personnes parties épouser quelqu’un dans une autre paroisse et pour lesquelles le curé rédigeait une lettre de recedo, après avoir fait l’annonce des bans du mariage futur au cours de la messe paroissiale ?
    Cordialement

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